Val de Nauze

Claudine Le Barbier nous parle de sa pérégrination caritative à Haïti.

 

 

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Claudine Le Barbier, après une grosse vingtaine d'années de vie publique, vous avez décidé de tirer un trait et de vous investir dans la vie caritative. Là, il n'y a pas, ou peu, de flagorneurs et d'hypocrites flatteurs pour vous accompagner. Comment appréciez-vous ce monde de différence ?

 

 

 

Après très exactement 26 ans de vie publique,  j’ai effectivement décidé de « passer à autre chose et ce, malgré la passion que j’ai portée à la chose publique. Il n’y a pas, en effet, que la politique dans la vie.

Ma vie publique a été très riche de rencontres, d’échanges avec des personnes de tous âges et de tous horizons. J’ai reçu beaucoup de compliments et je sais que certains étaient sincères mais j’ai toujours été consciente que l’hypocrisie avait souvent cours. J’ai accepté les flatteries avec lucidité et gardé la tête froide. .

Ma motivation, c’était de servir, d’être utile et la vie associative et particulièrement caritative est pour moi une suite logique à mon engagement. L’accueil reçu à HAITI   (voir photo) et le sourire des enfants de l’école sont très gratifiants aussi.

Je n’ai pas besoin de « faire-valoir’ autour de moi, juste de gens sincères. J’apprécie en revanche que l’on se souvienne de mon engagement passé alors que certaines personnes l’ont vite oublié.

 

Vous voici revenue de plusieurs semaines passées à Haïti, pour une mission caritative. Pourriez-vous nous donner, comme un retour d'expérience, votre impression après ce séjour ?

 

 

 

Mon mari et moi avons passé 3 semaines  à HAITI, dans la ville de JEREMIE, située à l’extrême ouest de l’île. Nous avons été sollicités par l’association périgourdine « SOS ENFANTS DU MONDE » bien connue à BELVES, pour son engagement passé auprès d’orphelins roumains. Des bénévoles belvésois avaient d’ailleurs participé, il y a quelques années, à la construction de l’école ST JEAN BOSCO où nous étions

 

Bien qu’ayant déjà voyagé à travers le monde, nous avons été surpris dès notre arrivée à PORT au PRINCE,  par la grande misère qui règne dans ce pays . Cette impression s’est confirmée à Jérémie. Routes défoncées (il faut 7 heures pour faire environ 200 kms !) habitations misérables souvent en tôle, pas d’eau courante, 3 heures d’électricité par jour et encore pas tous les jours, une population abandonnée à elle-même, un chômage endémique et la faim qui rôde, même si dans cette région où poussent bananes, mangues, papayes etc., la situation est peut-être moins terrible.

La mendicité existe, surtout de la part des enfants et des personnes âgées, car les familles sont quelquefois trop pauvres pour les prendre en charge et il n’y a aucun système d’aide et pas de retraite pour la majorité de la population !

Et malgré cela, une population digne et fière, souvent souriante voire gaie ! La musique y est omniprésente.

 

Il y a de nombreuses ONG françaises, américaines, canadiennes, etc.…,mais nous avons été choqués de voir que les intervenants ne se mêlaient pas à la population, vivaient dans des villas sécurisées et climatisées, et se déplaçaient exclusivement en 4/4 avec chauffeur. Nous étions les deux seuls Blancs à nous déplacer à pied dans la ville, ce qui a permis des échanges avec la population. Nous étions pour notre part logés dans une petite maison appartenant au prêtre qui dirige l’école dans laquelle nous intervenions, mais comme la population, nous avons subi la chaleur écrasante, le manque d’électricité ou les restrictions d’eau. Et pourtant nous étions conscients d’être des privilégiés puisqu’un panneau solaire nous permettait de pallier un peu ces restrictions !

 

Notre mission consistait à intervenir dans une école de Jérémie. Cette école qui existe depuis 6 ans a été construite grâce à des fonds et des bénévoles canadiens et français. Elle est bien équipée, notamment sur le plan sanitaire et dispose "ö grand luxe" d’eau potable !

 

Hervé a assuré la visite médicale des 200 enfants ; et j’ai, en ma qualité d'ancienne directrice d’établissement scolaire,  évalué l’enseignement dispensé dans l’école pour tenter de l’adapter à l’objectif qu’elle s’est assigné : sortir les enfants de la rue pour éviter qu’ils ne mendient ou se prostituent et leur assurer une éducation, pour ensuite pouvoir gagner dignement leur vie.

 

Hervé a trouvé chez les enfants, des pathologies qui, en France, seraient prises en charge y compris chirurgicalement ! Quant à l’enseignement dispensé, il obéit aux règles de l’Éducation Nationale haïtienne mais les méthodes pédagogiques sont d’un autre âge et les moyens très faibles !

 

Nous espérons sincèrement que nos recommandations seront suivies d’effet, dans la mesure de leurs moyens, bien sûr !

 

Ce fut en tout cas une expérience enrichissante et une belle leçon de vie ! Dommage que certains ne se rendent pas compte à quel point nous sommes bien lotis en France et ce, malgré des difficultés indéniables pour une partie de notre population !

 

 

Le traumatisme de la population haïtienne, plus de 6 ans après, certainement loin d'être totalement détruit,vous  a-t-il donné  "l'impression "  d'avoir été, à peu prés, bien pris en compte par l'Occident ?

 

 

Le 12 janvier 2010, la région de Port-au-Prince a été frappée par un séisme d’une magnitude supérieure à 7. Les dégâts ont été immenses (voir photo de la cathédrale Notre Dame). Plus de 330 000 Haïtiens sont décédés et il y a eu plus de un million de sans abri.

 

Le traumatisme est effectivement très présent dans les esprits y compris dans les régions qui n’ont pas été touchées (JEREMIE a été épargnée). Mais, en fait, ce séisme n’a fait qu’aggraver un mal endémique : l’absence d’État organisateur et protecteur des populations. Cette absence est due à l’instabilité politique chronique qui a suivi 30 ans de dictature des DUVALLIER.

 

Ce pays dépend à plus de 60 % de l’aide internationale tant pour la construction d’infrastructures que pour la prise en charge des populations . Les ONG sont très présentes mais rien ne pourra remplacer la prise en mains de leur destin par les Haïtiens eux-mêmes. C’est aux politiques de jouer leur rôle, ce qu’ils ne font pas aujourd’hui.  Dans ces conditions, ceux qui le peuvent, émigrent vers les États-Unis, le Canada ou l’Europe. Peut-on leur reprocher de fuir tant de misère ?

 

 

Les autorités locales vous ont-elles donné à penser qu'elles n'entravaient ni le regard ni l'aide des bénévoles et concours étrangers ?

 

 

 

Les autorités locales ne sont que des autorités de façade qui savent que l’aide internationale est indispensable. Le gouvernement est provisoire, les Conseils municipaux sont provisoires, etc. J’ai rencontré le Directeur Adjoint de l’INSPECTION Académique locale : il m’a très bien reçue mais j’ai bien senti que ses promesses ne seraient pas suivies d’effet !

 

Les Français, sur le terrain, sont-ils dans cette terre partiellement francophone, plus appréciés que les autres dans ce chantier caritatif?

 

 

 

Les Haïtiens sont clairement francophiles. Nous avons été abordés dans la rue pour nous souhaiter la bienvenue à HAITI. La France, malgré sa période esclavagiste, a une bonne image. Nous avons été bien accueillis partout. En revanche, à notre grande surprise, nous avons constaté que la langue française recule au profit du créole, bien que l’enseignement soit (partiellement) dispensé en français. L’ALLIANCE FRANCAISE est présente à JEREMIE mais sans grand impact apparemment, pour ce que nous en avons vu.

 

Vous avez l'intention de promouvoir une opération généreuse de vos concitoyens. Comment concevez-vous cette collecte de dons et sous quelle nature ?

 

 

 

On ne peut pas rester insensible à tant de misère. Sachant que la survie du Centre St Jean Bosco dépend exclusivement des subsides canadiens et français, je souhaite effectivement faire appel à la générosité des lecteurs.

 

Ceux qui seront sensibles à ce message peuvent participer de deux façons :

 

-         en parrainant un enfant pour la durée de sa scolarité. Pour 200 euros par an, il recevra l’éducation, un repas par jour (et ce sera pour certains, le seul repas) les fournitures scolaires, 2 uniformes et la possibilité de ramener de l’eau potable chez lui.

     

-         Pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent s’engager à cette hauteur, il est toujours possible de faire un don à l’association.

 

Les chèques libellés à l’ordre de SOS ENFANTS DU MONDE (préciser au dos « pour les enfants d’HAITI)  peuvent m’être adressés ou directement envoyés au siège de l’association, 2 rue Mazy 24000 PÉRIGUEUX

 

Je serai heureuse  de donner tous les renseignements nécessaires. Vous pouvez aussi consulter le blog du Centre Jean Bosco de Jérémie.

 

Sachez que vos dons seront intégralement utilisés au profit des enfants, les frais de fonctionnement de l’association étant quasi nuls et les intervenants extérieurs prenant, eux-mêmes, en charge tous leurs frais de mission.

 

MERCI D’AVANCE DE VOTRE GESTE. LE SOURIRE DES ENFANTS SERA VOTRE RECOMPENSE !

 

 

 

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Une image de la catastrophe.

 

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Une superbe réalisation, depuis. 

 

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Des enfants bien disciplinés. 

 

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Avec les hôtes haïtiens.

 

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Ces dames préparent le repas.

 

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Une sympathique image d'Hervé avec une fillette haïtienne.

 

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Des écoliers attentifs.

 

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Ce n'est qu'un au revoir.



11/06/2016
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