Combien d'entre nous l'obtiendraient aujourd'hui.
Un vrai "faux certificat d'études" à Casson Loire-Atlantique.
http://www.ouest-france.fr/casson-des-citoyens-passent-le-certificat-detudes-pour-feter-les-30-ans-de-la-reouverture-de-lecole
Qui se souvient de ces jours d'effervescence solaires
qu'étaient les journées du Certificat d'études primaires !
Ces journées se passaient, en principe, à l'école primaire des chefs-lieux-de-canton. Il devait probablement exister des exceptions pour les plus petits tels que Peyreleau, dans l'Aveyron, ou Omont, dans les Ardennes, qui n'avaient qu'une centaine d'habitants et une classe unique. Ils n'avaient pas -et de loin- le principal pôle scolaire de leur canton.
Le certificat d'études primaires élémentaire, qui a torturé bien des élèves à partir de
Il y avait bien quelques échecs mais fort peu. Les instituteurs évitaient de présenter les candidats dont ils doutaient du succès.
Rappelons qu'il y avait une dictée et ses questions, dictée terrifiante pour certains, deux problèmes arithmétiques, pas forcément simples, inquiétants pour d'autres, une petite rédaction, des sciences naturelles, du calcul mental, une épreuve de récitation ou de chant, un embryon d'histoire et de géographie… Qui dit mieux.
Les épreuves étaient pratiquement les mêmes pour les garçons et les filles avec une particularité pour une épreuve qui était censée être plus masculine, thème jardinage, agriculture, micromécanique, pour les garçons, et interrogation sur la puériculture pour les jeunes filles. Aïe, aïe, aïe, l'égalité paritaire.
Le jury, après avoir établi les moyennes, proclamait les résultats.
Dans les cantons qui n'avaient pas d'école secondaire c'était un résultat sans particularisme si ce n'est qu'il y avait la première et le premier du canton. On était obligé de marquer cette subtilité à cause de l'épreuve différente qui séparait les adolescentes des adolescents.
Là où il y avait des élèves du secondaire on faisait un classement séparé pour les collégiennes et les collégiens. À Belvès donc on avait la première et le premier du canton, pour les écoles primaires, la première du cours complémentaire et le premier du collège.
La remise du diplome était assortie de remises de prix offerts par les libraires, les notables, les personnalités... Ces prix revenaient aux rédacteurs des meilleures copies de rédaction, d'histoire, de géographie, etc.
Le certificat d'études un challenge permanent d'instituteurs. Les enseignants ruraux tenaient à briller le jour du certificat d'études et étaient avides de décrocher la première ou le premier du canton et, sans vouloir faire de comparaison disproportionnée, il y avait comme pour les premières places de grandes écoles des déceptions, des désillusions et des surprises. On attendait Jaurès sur la plus haute marche du podium et c'est un inconnu qui l'obtint.
Un ancien camarade de la Vallée du Céou me confiait son amertume d'avoir du attendre de passer le certificat pour accéder au collège car son instituteur tenait à avoir son premier du canton.
Le certificat d'études primaire, grâce à l'enseignement secondaire attirant de plus en plus de jeunes ruraux, puis devenant la règle, perdit du terrain. Il était facultatif pour les élèves du secondaire. Certains parents jugeaient même presque humiliant que leurs enfants y participent et misaient sur la "noblesse" du B.E.P.C qui s'obtenait, en général, entre 13 et 15 ans. D'autres tenaient à ce que leurs enfants, un peu par humilité, un peu par sécurité, ne fassent pas l'impasse de ce premier examen.
Pour la toute petite histoire certains élèves, ils étaient certes fort rares, obtenaient le B.E.P.C mais échouaient au certificat d'études. Un principal honoraire d'un collège normand, en poste dans la couronne de Rouen, me disait qu'il avait souffert pour le certificat d'études tout comme un proviseur, d'un important lycée béarnais, m'a confié qu'il avait échoué à l'examen d'entrée en sixième car il n'avait pas su construire sa règle de trois.
Quel horizon s'ouvrait après le certificat d'études. Ce titre était nécessaire pour postuler ultérieurement pour des emplois modestes dans des entreprises telles les Ponts & chaussées ou les P.T.T mais le certificat d'études ne débouchait pas sur des admissions directes pour des emplois.
Les écoliers prenaient le chemin de la vie active dès 14 ans soit en allant en apprentissage, dans divers corps de métier, soit en devenant aide familial agricole pour prendre, ultérieurement, le relais paternel. Certains écoliers qui avaient brillé au certificat d'études rejoignaient le collège en 5ème, très rarement en quatrième, et pour beaucoup c'était un salutaire rattrapage efficace. D'autres partaient dans des centres de formation d'entreprises et on a connu de brillants cursus parmi eux; notamment aux ateliers de la S.N.C.F.
Premier du canton. Aujourd'hui je voudrais parler d'un élève qui fut premier du canton, à Belvès, en 1955 au certificat d'études. Je lui dois le respect pour quatre ans et quand nous étions dans la même classe, lui préparait le certificat d'études je devais être en C.E 2. Il n'y avait que deux classes dans mon village.
Je me souviens, comme si c'était hier, de son assurance quand il récitait "Les plaideurs" de Racine.
Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se “ rua ”:
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Un juge, l'an passé, me prit à son service ;
Il m'avait fait venir d'Amiens pour être suisse.
Tous ces Normands voulaient se divertir de nous :
On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups.
Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôtre,
Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre.
Tous les plus gros monsieur me parlaient chapeau bas ;
Monsieur de Petit-Jean, ah! gros comme le bras!
Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.
Ma foi, j'étais un franc portier de comédie,
On avait beau heurter et m'ôter son chapeau,
On n'entrait pas chez nous sans graisser le marteau.
Point d'argent, point de suisse ; et ma porte était close.
Il est vrai qu'à Monsieur j'en rendais quelque chose :
Nous comptions quelquefois. On me donnait le soin
De fournir la maison de chandelle et de foin ;
Mais je n'y perdais rien. Enfin, vaille que vaille,
J'aurais sur le marché! fort bien fourni la paille.
...
Racine "Les plaideurs".
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Cet élève six années plus tard, en 1961, monta sur les planches et joua le difficile rôle de Perdican dans "On ne badine pas avec l'amour" de Musset. Il avait pour partenaire une ancienne condisciple, Bernadette Dubois, qui dans la pièce était Camille.
Souvenons nous de cette fin théâtrale "Elle est morte. Adieu Perdican".
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Pierre Petit |
Des idées reçues aussi admises que stupides. Qui n'a pas entendu que de nos jours ces poncifs ; on n' apprend plus rien dans les écoles, que les élèves ignorent tout de l'orthographie, de la syntaxe, qu'ils ne connaissent ni l'histoire ni les chefs lieux de départements, etc. D'aucuns osent même dire ; "Où est passé le certificat d'études d'antan qui valait autre chose que l'actuel baccalauréat" !
C'est bien sûr un sophisme sans appel car si certains bacheliers trébucheraient, certainement, avec la règle de 5 fautes dans un texte égalent 0, ils connaissent bien d'autres choses, notamment dans les domaines mathématique et scientifique.
Chaque génération porte ses forces et ses faiblesses.
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