En amont du Concours départemental de la Résistance.
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203 c'est l'intitulé d'une populaire voiture des années 50 ; c'est aussi le nombre exact de places offertes par la salle Louis Delluc du Buisson. Ce jeudi 24 janvier la salle était pleine à craquer ; il manquait même une dizaine de places pour accueillir tout le monde.
Le public était composé d'élèves de classes de troisième de Sarlat, du Bugue, de St Cyprien et de Belvès.
Les élèves ont tout d'abord vu le film de Jean-Paul Bedoin où Ralph Finkler expliqua la méthode de communication de la Résistance.
Pilotés par Marie-Claire Dardevet, au premier plan, et Jocelyne Colonna, les collégiens de Pierre Fanlac [Belvès] sont venus au Buisson.
Le thème du concours. Cette séance avait pour but de préparer les collégiens au traditionnel concours de la Résistance. Cette année le thème est "communiquer pour résister". Notre siècle nous habitue à une surcharge de communications. Celles-ci émanent des canaux institutionnels, gouvernement et autres, des médias, des sociétés commerciales, des associations, sans parler d'Internet qui s'invite chez les internautes. Pendant l'Occupation communiquer n'était pas chose facile pour celles et ceux qui ne bénéficiaient pas de l'aube protectrice de l'État français à la botte de l'occupant.
Il fallait d'abord déjouer la police et la soldatesque du Reich mais il fallait, aussi, trouver du matériel de fortune, machine à écrire, stencils, papier et encre. Tous ces supports coûteux étaient bien difficiles à obtenir. Il fallait, après l'édition, pouvoir diffuser ces précieux documents sans se faire prendre.
Louis Delmon, vice-président du comité du concours départemental de la Résistance et de la Déportation.
Trois interventions saillantes. C'est Louis Delmon, un pédagogue d'exception, qui mena les débats. Ce professeur qui donna trente de sa vie pour ses concitoyens, que les Sarladais, même certains de ceux qui l'ont combattu, appellent avec une nuance de respect, voire d'admiration "Le Louis", a présenté successivement, le Trélissacois, Vincente Garcia et le Terrassonnais Lucien Cournil.
Vincente Garcia qui a peu résisté, puisqu'il fut capturé, quelques jours après son arrivée en Bessède, avec trente autres personnes, parla plus de sa captivité que de la Résistance qu'il rejoignit à Cadouin. Ce premier contact, néanmoins, lui a permis d'apprécier hautement un jeune instituteur, Lucien Dutard, qui, plus tard, devint un élu bien implanté dans le département. Vincente répondant au questionnement d'une élève qui voulait savoir s'il avait, ponctuellement, rencontré quelques signes de compassion de la part de ses gardiens répondit que ces êtres étaient, tous, dépourvus d'humanité et il doute même que ces sujets brutaux aient pu avoir quelques gestes altruistes pour les membres de leurs familles.
Notons que Vincente a partage les sinistres geôles du führer avec Ernst Thälmann, leader progressiste d'Allemagne, lâchement assassiné, le 18 août 1944, à Buchenwald.
Lucien Cournil, figure de la Résistance, mouvance qu'il rejoignit dès l'âge de 14 ans, dit que pour lui, fils de verrier, ce fut un penchant naturel.
Journaliste, pendant 40 ans, Lucien profita de son intervention pour revenir sur le rôle non négligeable que joua Valmy, journal clandestin, dont le premier tirage à 8 000 exemplaires fut un exploit. Valmy devint très rapidement l'Écho du Centre, quotidien qui a connu plusieurs phases bien difficiles ; dont celle d'aujourd'hui.
Kléber Ferret et Muriel Delmas ont pris la parole. Kléber a cité le résistant belvésois Georges Rebière, rédacteur de "Aimez vous cueillir les noisettes". Le nom de cet ouvrage a servi comme code pour le premier parachutage d'armes du Camp de César.
Et l'amitié franco-allemande ! Les questions-réponses ont amené Muriel Delmas à demander aux intervenants leur point de vue sur ce rapprochement. Aucun des deux n'a de haine n'a de ressentiment pour ce grand peuple européen. Vincente a précisé que, lors d'une cérémonie à Buchenwald, une adolescente allemande, effarée, ne comprenait pas que son grand père ait pu être de cette "épopée" douloureuse et tragique.
Pamphlets contre le racisme. Louis Delmon, le pédagogue soigné, reprit, à plusieurs occasions le débat. Louis, qui mêla une poésie de Paul Eluard à ses prises de parole, a souligné, avec insistance, combien nos voisins germaniques constituent un grand peuple, inventif, créatif, comptable d'une longue histoire ponctuée de génies, de grands musiciens et de philosophes. Cette histoire, hélas, comporte des volets insoutenables mais, avec une belle lucidité, Louis remarqua que, dans un passé encore plus récent, notre pays a fait une guerre immonde à deux peuples, celui du Vietnam et celui d'Algérie. Ancien d'Algérie il assimila, un peu, les malheureux soldats de l'ancienne A.F.N à la Wehrmacht. Il plaida pour qu'un jour la France tisse des liens fraternels avec l'Algérie. Il précisa que sa famille avait hébergé un jeune résistant maghrébin, un Tunisien étudiant en médecine de Lyon.
La séance se termina avec une question très pertinente, c'était plutôt une préoccupation, d'une collégienne qui établissant le parallèle entre l'antisémitisme des années 30 et le racisme contemporain posa la question de savoir si le monde ne pouvait s'enflammer avec une troisième guerre mondiale.
Oui cette question n'est pas du tout anodine et il faudra veiller de toutes nos forces pour éviter cette dérive aussi terrible que désastreuse.
C'est le départ.
Texte et photos Pierre Fabre.
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