Il chantera Ferrat le 23 mars.
Les Fers à bras.
Patrick CHEVREAU : Basse, choeurs, direction artistique.
Gérard DEBONNET : Guitare, choeurs.
Pascal GARNIER : Batterie, percussions.
Denis GARRIGUE : Flûte traversière, Saxophone alto, percussions, choeurs.
François MACE : clavier.
Fabrice DEBONNET : Ingénieur du son.
SIORAC-en-PÉRIGORD
Il est vivement recommandé de réserver dés maintenant car le nombre de places est limité et le bouche à oreille a déjà occupé la moitié des places accessibles.
Interview d'Alain Rossi |
Alain Rossi chante Ferrat un peu partout. Il a, notamment, fait un "tabac" dans les Corbières, à Lézignan, à Montrabé, dans la couronne toulousaine, et dans la bastide d'Albret de Vianne. Il a bien voulu accorder, en exclusivité, une interview à Fongauffier-sur-Nauze et à Val de Nauze.
Alain Rossi. Photo Pierre Fabre
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- Alain Rossi vous avez créé un calembour avec Les Fers à bras. Dites nous quelques mots sur ce jeu de mots.
Avant de consacrer un spectacle complet au répertoire de Jean Ferrat nous avons créé avec mes musiciens un spectacle dont la première partie était consacrée à Georges Brassens et la seconde à Jean Ferrat. Souhaitant privilégier l’ordre alphabétique nous avons intitulé ce spectacle « de Brassens à Ferrat » mais il nous arrivait souvent d’inverser les noms et de dire :-« de Ferrat à Brassens ». Le groupe s’est alors naturellement appelé les Fers à Bras (de FERrat à BRASsens).
- Vous vous êtes imposé comme un musicien qui joue, post mortem, les plus grands succès de Jean Ferrat. Pouvez vous nous dire depuis quand et, surtout, pourquoi vous idéalisez Ferrat.
Pour faire référence au film de J-Jacques Zilbermann : « -Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes », les disques de Jean Ferrat passaient en boucle sur le tourne-disque familial. Le premier contact fut donc « auditif », en 1961 quand j’entendis à la radio Jean Ferrat chanter « Deux enfants au soleil ». J’ai été séduit, du haut de mes 12 ans, par ce timbre de voix magnifique. Plus tard c’est la force des mots et les valeurs qu’ils véhiculaient qui m’a rendu inconditionnel de cet artiste.
- Jean Ferrat était un auteur compositeur qui passait pour un rebelle. On disait, il y a quelques années, engagé. Vous situez-vous dans le droit fil de cette "réactivité".
Un poète est un témoin de son époque et quand il dénonce le pouvoir du capital qui détruit l’être humain, quand les droits de l’Homme sont bafoués, quand il parle d’écologie, de paix ou quand il s’insurge contre les frustrations subies par les artistes qui veulent se faire connaître et qui sont écrasés par les labels multinationaux, il est forcément engagé. Francis Cabrel avec « La corrida », Pierre Perret avec « La femme grillagée », Georges Chelon avec « Monsieur » sont des exemples d’artistes engagés. Jean Ferrat a toujours lutté contre toute forme d’injustice, d’ailleurs n’avait-il pas baptisé son âne : « Justice sociale »?
- Depuis que Jean Ferrat nous a quittés il semblerait qu'il fasse, pratiquement, aujourd'hui l'unanimité autour de son œuvre. Pensez vous que son travail artistique ait pu contribuer, dans une société, hélas, parfois haineuse et xénophobe, à une certaine maturité des esprits face au conformisme B.C.B.G.
Jean Ferrat a indéniablement marqué la mémoire collective avec ses chansons, tout le monde connaît au moins quatre ou cinq chansons de son répertoire. Jean Ferrat était un visionnaire et ceux qui, par a priori ou méconnaissance, boudaient ses chansons se sont rendu compte avec le temps qu’il avait vu juste sur de nombreux sujets. La prise de conscience est parfois longue à se faire jour mais la musique et surtout les mots sont si forts que l’inconscient œuvre au mûrissement des idées. Jean Ferrat a incontestablement contribué à élargir notre ouverture d’esprit et à améliorer notre capacité d’analyse.
- Nombreux sont les artistes qui, après leur mort, sombrent dans un rapide oubli. Ce n'est, a priori, pas le cas de Ferrat. C'est notre contemporain qui est le plus souvent interprété pour des cérémonies de recueillement. Pourriez-vous nous en dire quelques mots.
Ah, la postérité ! Encore une fois c’est grâce à la force des mots sublimés par de merveilleuses mélodies. Si Jean Ferrat est un poète reconnu, il compte également parmi les plus grands mélodistes. Aujourd’hui on « fabrique » des « stars » en quelques semaines mais ce sont des étoiles filantes, le matraquage médiatique qui accompagne leur fulgurante et éphémère carrière n’a d’autre but que d’enrichir les labels, ceux que Ferrat appelait les « marchands ». Le public s’y trompe rarement et quand il s’agit d’exprimer ses sentiments ou ses émotions les vraies valeurs reviennent naturellement.
- Vous avez eu l'honneur de connaître Jean Ferrat à Antraygues-sur-Volane. Voulez vous nous dire comment et si, pour vous, ce fut un appel à travailler dans le prolongement de son œuvre.
Comme tout admirateur de Jean Ferrat j’ai voulu connaître le « coin de paradis » où il avait choisi de vivre et de découvrir cette montagne qu’il a sublimée. En 2005 lors d’une de mes visites à Antraigues accompagné de mon épouse, je souhaitais voir où se « cachait » le poète et j’empruntais le chemin tortueux qui longe le torrent sur plusieurs kilomètres. Au détour d’un virage nous aperçûmes Jean Ferrat devant chez lui, les mains aux poches, le regard levé vers des élagueurs qui travaillaient en face de sa maison. Bien qu’extrêmement intimidé nous nous arrêtâmes pour le saluer. Son contact a été très chaleureux, nous avons échangé quelques mots, je garde de cette rencontre un souvenir ému, Jean dégageait une grande bonté, une gentillesse, une humilité évidentes. Ne voulant pas paraître importuns nous prîmes congé au bout de quelques minutes. Le soir nous avions prévu de manger au « podello » un restaurant situé sur la place d’Antraigues et quand nous ouvrîmes la porte de cet établissement, Jean Ferrat était en train de boire un apéritif en compagnie de son épouse Colette que j’ai eu l’occasion de mieux connaître l’année dernière et de Guy Thomas, un de ses paroliers, lui aussi accompagné de son épouse. Jean nous a fait un signe de la main nous invitant à les rejoindre. Journée inoubliable !
- De "Nuit et Brouillard" à "La Montagne" en passant par "Oural Ouralou", "Que serais je sans toi", "C'est beau la vie" toutes les chansons de Ferrat traduisent sa profonde sensibilité. Pensez-vous qu'un artiste puisse porter, avec autant de conviction, ses thèmes s'il n'en est pas pétri.
Bien sûr que l’œuvre de Jean Ferrat est le reflet de ses convictions et nombre de ses chansons sont autobiographiques (Nuit et brouillard, Nul ne guérit de son enfance, etc…). Jean Ferrat est quelqu’un qui ne trichait pas, il fait partie de ces rares artistes en parfait accord entre ce qu’ils sont et ce qu’ils écrivent.
- Ferrat c'est Aragon mais Aragon n'est pas Ferrat. Jean Ferrat, à votre avis, aurait-il pu être l'artiste d'exception qu'il fut si Aragon ne l'avait pas inspiré.
Aragon n’est pas Ferrat mais Ferrat n’est pas qu’Aragon, il est d’abord Jean Ferrat mais aussi Guy Thomas, Henri Gougaud, Georges Coulonges, Viteslav Nezval et bien d’autres, tous ces poètes dont il a mis les textes en musique. Louis Aragon a sans doute été le premier qui l’ait inspiré et c’est grâce aux mélodies de Jean Ferrat que la poésie d’Aragon est descendue dans la rue, même si Léo Ferré a également mis quelques textes en musique. L’influence d’Aragon sur Jean Ferrat est perceptible si on compare les premiers textes de Jean avec ceux écrits à la fin de son œuvre.
- Voulez-vous, pouvez vous, souhaitez-vous nous dire, sans faire de jeu de mot, la chanson pivot qui sera, à Siorac-en-Périgord, le 23 mars, celle que vous mettrez, en relief.
Le premier spectacle consacré au répertoire de Jean Ferrat a été créé en 2006 et joué à de nombreuses reprises. Depuis la disparition de l’artiste le spectacle a évolué pour devenir un véritable hommage au poète disparu. Tous les standards de l’œuvre de Jean Ferrat constituent des points forts du spectacle mais « Tu aurais pu vivre » qu’il a écrit pour un ami perdu en sera le point d’orgue.
- Ferrat et Brassens laissent, bien sûr, un souvenir inoubliable. Pensez vous, par votre travail, bâtir une passerelle entre ces deux poètes qui, tout de même, n'ont pas strictement les mêmes admirateurs.
Effectivement leurs publics sont différents. Au départ c’est mon propre parcours qui a été influencé par ces deux artistes et si Jean Ferrat m’a donné envie de chanter pas seulement pour « passer le temps », j’ai voulu apprendre à jouer de la guitare pour m’accompagner sur les chansons de Georges Brassens. Tous les deux, pudiques et réservés, s’appréciaient beaucoup même si Jean Ferrat avec « en groupe, en ligue, en procession » répondit en chanson à Georges Brassens qui avait chanté « Le pluriel ». D’ailleurs Jean Ferrat fut le premier artiste à tendre hommage à Georges Brassens de son vivant en lui dédiant une chanson «À Brassens ».
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