Il y a 70 ans ils furent les héros du Canadier.
VEYRINES-de-DOMME
Il y a 70 ans au Canadier les hommes du maréchal assassinaient lâchement.
Devant le mémorial de la Raze Ralph maîtrisa son émotion pour parler non seulement du 16 mars mais de toute cette période qui, en aval de Guernica, laboratoire des atrocités nazies, a jeté les républicains espagnols en dehors de leur pays pour rejoindre les partisans sur notre sol.
Ce 16 mars l'hiver voulut encore dire qu'il n'était pas parti. C'est sous le brouillard, presque sous la pluie, que les adeptes du devoir de mémoire se sont rendus à Veyrines-de-Domme pour honorer quatre républicains espagnols, tous membres de
Interviewé par Marie-Charlotte de France-bleu Périgords, au piédroit des ruines du Canadier, Ralph explique à la journaliste par quel heureux hasard pour lui il fut le seul survivant de ce massacre.
Un peu d'histoire. La ferme du Canadier, aujourd'hui en ruines, abritait, pendant les heures noires de l'Occupation, des travailleurs émigrés. Ceux-ci étaient dans
Entouré de deux jeunes, tout un symbole, devant la plaque de bois qui rappelle la tragédie Ralph explique comment les valets de Pétain, feudataires du führer, sont arrivés dans ce lieudit perdu au milieu de nulle part.
Ce triste matin du 16 mars 1944 un autocar, véhiculant des civils, en fait il s'agissait d'hommes de basse besogne du maréchal, s'arrête dans un écart de Veyrines, alors que le jour allait poindre, et ses occupants demandent où se situe le Canadier. Pour éviter la suite catastrophique les populations locales les guident avec des chemins détournés pour laisser les sentinelles donner l'alerte. Malheureusement cette manœuvre n'a pas réussi. L'arrivée par le côté opposé a trompé la garde.
L'assaut par surprise et la disproportion des forces furent fatals aux partisans.
On notera que le sinistre capitaine Jean, néanmoins blessé lors de l'opération, finit ses jours dans son lit avec le grade de colonel.
Pendant la "Sonnerie aux morts" les porte-drapeaux inclinent leur étendard.
Un premier recueillement. Les organisateurs ne s'y attendaient pas. Plus de 120 personnes, bravant les intempéries de ce frileux matin, ont honoré les noms de José Flores-Sanchez, Angel Poyo-Minoz, Augustin Crespo-Quevedo et Desiderio Romero-Martinez. Cette cérémonie, dont le personnage clé, fut Ralph Finkler ne manqua pas d'émouvoir les personnes présentes dont Marie une collégienne, de 14 ans, scolarisée en 3ème à Pierre Fanlac à Belvès, qui, il y a quelques jours, fit le voyage à Oradour. L'allocution de Ralph, minutieuse et historique, au piédroit de la stèle, cibla le contexte historique, le mérite de ses jeunes compagnons, plongés dans deux guerres, et pointa l'œuvre d'Evelyn Mesquida, journaliste espagnole, romancière et écrivain qui dans "
Germinal Peiro, député de la circonscription, prit la parole pour tous les élus présents, ils étaient venus en nombre, et ce petit-fils de citoyen espagnol rappela la méthode d'exclusion dont furent victimes nos hispanisants, ceux de
Marie-Claire Dardevet qui fait travailler ses élèves sur la Résistance est une habituée de ce sentier de la mémoire.
Pour rien au monde Francis Vierge, un ami de l'A.N.A.C.R, le plus fidèle maire de notre bassin de vie eu égard au devoir de mémoire, n'aurait manqué cette journée qui, par ailleurs, fut la dernière manifestation qu'il honora dans ses mandatures de maire puisqu'il ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. Francis ici est interviewé par Marie-Charlotte sur le chemin du Canadier.
Deuxième temps. Le sentier de la mémoire a conduit les personnes aux vestiges de la ferme du Canadier où Ralph expliqua, dans le moindre détail, l'assaut dont il sortit miraculeusement grâce à sa réactivité mais aussi… à un angle mort.
Ralph livra, seulement ce jour là, que les victimes savaient, depuis peu, qu'elles allaient avoir… de la visite. Il admit que les partisans, qui n'hésitaient pas à changer de place, ont trop traîné, là, pour cette opération.
Rien à faire, sur le chemin du retour, la pompe de la jeep des années 40 a rendu l'âme. Il faudra user d'un 4/4 pour ramener les vétérans à Veyrines.
Ralph a été conduit à la ferme à bord d'une jeep de l'époque qui, comble de malchance, tomba en panne au retour sur le chemin de traverse.
La République d'Espagne a été assassinée et souillée par les adeptes de la haine. Elle demeure présente dans les coeurs des descendants de ces preux qui l'ont portée. Ralph, qui n'est hispanisant que par son indéfectible amitié post-mortem de ses compagnons martyrs, a donc, en arborant cet emblème républicain rendu hommage à cette audacieuse démocratie.
Sur les collines veyrinoises ce sont quelques mesures de l'Hymne de Raphaël de Riego, hymne officiel de
La fille de notre regretté ami Phil Lichtenberger, venue en famille, eut beaucoup d'émotion à Veyrines village où son géniteur, à peine sorti du lycée à l'époque, connut les partisans tombés il y a 70 ans.
Le troisième temps. Depuis 2009 nos partisans, à Veyrines, ont un lieu de sépulture décent et Ralph se rendit sur leur tombe pour y déposer un coussin. Les Espagnols de "Amis amigos" ont arboré le drapeau de leur République assassinée par les hordes cléricalo-fascisto-monarchistes. Cette symbolique, en ces lieux, n'était pas un détail anodin pour honorer ces valeureux partisans.
Francis fut un accompagnateur de toutes les manifestations et par ailleurs un hôte apprécié qui fait honneur à sa commune de Veyrines.
Les personnalités présentes. On remarquait la présence de Francis Vierge, maire de Veyrines-de-Domme, de son homologue Nicole Francès, maire de Cladech, de J-Pierre Saint-Amand, maire de Lacropte et conseiller général de Vergt, de Germinal Peiro, député, de Muriel Delmas, présidente cantonale de l'A.N.A.C.R de Belvès, de José Santos-Dusser, de "Amis amigos" et une dizaine de porte drapeaux et des derniers résistants du secteur.
Bravo Marie pour ta présence avec tes grands parents sur ce sentier de la mémoire.
Après ces trois temps Veyrines offrit le vin d'honneur à la mairie et Ralph profita de ce dernier moment pour présenter "l'affiche rouge"; torchon ignoble et infect de propagande placardée lors de cette douloureuse épopée de
Pierre Fabre.
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