Val de Nauze

Interview exclusive de Maxime Carbonnier.

 

 

 

Hier j'annonçai l'interview de Maxime Carbonnier. Je ne présenterai pas, dans ce blog, ce jeune écologue passionné et passionnant. Il va se situer au cours de l'interview qui suit.

Il me reste cependant à le remercier chaleureusement pour avoir bien voulu se prêter à ce questionnement mais, surtout, pour lui dire combien les Fongauffiérains sont sensibles à l'intérêt qu'il porte à leur toute petite rivière. Il y a des gens qui parlent beaucoup et agissent peu. Maxime c'est tout le contraire ; il agit beaucoup et parle, avec une belle retenue, de ce qu'il fait... encore faut-il l'interpeller.

 

Pierre Fabre.

 

 Maxime Carbonnier.

 

 

1.      Maxime Carbonnier les amis de la Nauze, le 7 août dernier, vont ont découvert, cet été, à son chevet pour redonner, avec des adeptes parisiens de Dojo, un aspect plus séduisant de son lit au niveau de Fongauffier. Pouvez vous vous situer avec plus de précision votre profil ; études, cursus universitaire, expériences acquises...

 

Oui, après notre vénérable collège de Belvès et un bac scientifique au lycée de Sarlat j'ai intégré l'Institut universitaire technologique de Périgueux, option agro-alimentaire ou j'ai étudié, principalement, la bactériologie, l'épidémiologie et les techniques de dosage et de mesure de différentes substances dans les matrices classiques alimentaires et l'eau. Ensuite les salles aseptisées et les blouses blanches me semblaient terriblement ternes par rapport  à notre fluide de vie qu’est l’eau dans son habit de nature. J’ai donc déposé un dossier puis passé un concours pour intégrer l’institut E.G.I.D à Bordeaux 4 (Eau, Environnement, Géo-Ingénierie et Développement). Dans cette école j’ai étudié, en trois années, un bon gros morceau de géologie avant de m'attaquer à l’hydrogéologie, les projets liés à l’aménagement, la recherche en eau et en pétrole, la réalisation de forage, la protection des captages d’eau, ainsi qu’un vernis de droit, cultures et gestion. Ceci agrémenté de stages en entreprises en fin de chaque année. En fin de stage un ami de promotion m’a informé  que son entreprise cherchait un jeune motivé pour seconder deux ingénieurs (hydrogéologie et géophysique) sur une antenne  à Toulouse, j’ai postulé… Je suis resté six ans dans le grand sud-ouest de la France... des études des sols, des recherches en eaux, de protection des ressources en eaux potables, colorations, suivies de forages…

 

2.     Vous avez, avec brio, disserté le lendemain, le 8 août, dans la salle d'honneur de la mairie de Belvès sur le bassin hydrographique de la Nauze. On a pu comprendre que vous étiez plus que sensible au thème environnemental de nos rivières. Avez-vous l'impression que la Nauze de santé bien fragile soit en voie de retrouver son équilibre d'antan.

 

Je ne pense pas encore connaître suffisamment la Nauze et je peux encore moins me figurer son état et sa gestion il y a 20, 50 on 100 ans, cependant, je suis sensible au thèmes environnementaux et j’ai pu m’intéresser de près à la qualité des ses eaux.

Pécheur au lancer, très intermittent mais appliqué, il m’arrive de longer un certain nombre de ruisseaux, et en effet, même si la qualité de milieu des biefs semble, parfois, mal en point, j’ai pu constater qu’aux périodes de débit moyen la Nauze pouvait nous montrer un très beau visage.

Je pense que retrouver un équilibre d’antan passe par  une gestion globale, partagée et consensuelle. Bien des usages, en amont de ces berges, peuvent avoir un effet très rapidement ou à plus long terme. Des efforts ont déjà porté leurs fruits au niveau des industriels, des éleveurs, des pratiques culturales à proximité des berges, des accueils touristiques, des collectivités, et, peut être, même des particuliers. Cette démarche est à poursuivre et à relayer… La dégradation de la qualité d’un milieu et bien plus aisée, rapide et économique à faire, même par négligence, que sa reconquête.

 

3.     Vous êtes parmi les personnes qui ont en charge de redonner à la station d'épuration du Val de Nauze son nouveau départ. Pouvez vous sans rentrer dans les détails techniques les plus poussés nous dire ce que la nouvelle génération aura de plus performant que celle qui parvient à sa fin de vie.

 

La filière en place est une très classique "boue activée", il s’agit d’un grand bassin, dans lequel on alterne une forte aération et des pauses afin de permettre aux bactéries de dégrader les matières contenues dans l’eau. Un second bassin a pour rôle de tranquilliser l’eau, de séparer par décantation les "flocs" de boue qui retiennent les matières de l’eau épurée qui est rejetée au milieu. Le dimensionnement et la qualité de séparation de ce bassin de décantation deviennent peu efficaces, en particulier pendant les pointes de débit estivales et, bien sûr, lors des épisodes pluvieux.

 

Le nouveau dispositif comportera des éléments dimensionnés pour absorber la pointe estivale et l’ancien bassin d’aération sera recyclé en bassin tampon qui "lissera" les grosses arrivées d’eaux gonflées par les pluies. Un "dégrilleur" automatique, une sorte de tamis, sur l'arrivée des eaux éliminera, dès le début, les corps étrangers et solides non dégradables. Les boues seront accumulées, sur des périodes plus longues, sur des lits plantés de roseaux spécifiques.

 

4.     On a cru comprendre que cette nouvelle version sera "énergétivore" pensez-vous, à votre avis, qu'il y aurait eu, sans sombrer dans le délire pharaonique des dépenses, une piste plus écologique exploitable par le phénomène de la gravité.

 

Il est vrai que nous avions mené une étude tournée vers la sobriété énergétique et le long terme, avec des scénarios limitant les relevages des eaux et privilégiant la conception et la main d’œuvre. Le coût était équivalent, l’emprise au sol un peu plus grande, la fiabilité un peu plus élevée mais une qualité d’eau, sur certains paramètres, un peu moins élevée. Le tout gravitaire de la collecte était, lui, délicat à envisager de par la topographie du village étendu de part et d’autre de crêtes d’une part, et de vallons, soit exigus, soit difficiles à acquérir. Cependant, il n’échappe à personne que la position en point bas du site actuel permet une amenée majoritairement gravitaire, mais le niveau déjà bas de la route oblige à relever les effluents, de quelques mètres, pour les traiter une fois arrivés sur site.

 

  

 

Maxime Carbonnier lors de la fête aérienne. 

 

 

5.     Vous avez une passion peu commune celle des quadricoptères. Ces drones pacifiques peuvent concourir écologiquement à notre environnement car ils ne polluent pas et ne dépensent que très peu d'énergie. Pouvez-vous nous dire en quoi ce thème est franchement en plein dans l'actualité rationnelle.

 

Les quadricoptères ont étés pour moi le moyen de simplifier mes outils de prises de vues aériennes qui, auparavant, étaient montés sur des planeurs ou de petits avions. C’est par passion que depuis le collège, les initiateurs se reconnaîtront…, je fabrique et fait voler divers aéronefs, depuis les simples planeurs aux jets électriques et quadricoptères "maison".

Ces appareils sont en pleine actualité car des passionnés, comme nous, infiltrent parfois des corps de recherches ou militaires et les applications sont multiples : imagerie de proximité, investigation en atmosphère hostile, terrains dangereux ou inaccessibles. Il est par exemple très facile de faire des clichés inédits de notre beau patrimoine en se jouant des arbres, clôtures et autre obstacles bas. Des applications faciles, comme la reconnaissance à moindre frais des feux de forêts, sont encore peu répandues mais les outils sont assez standard, utilisés avec bonheurs par bien des unités.

D’autres objectifs environnement sont nombreux : cartographie, topographie, laser, images infrarouges, thermiques (isolation des habitations), archéologie, études de l’atmosphère…

Sinon, dans le moins rationnel, on peut tout simplement se détendre les pouces avec ces machines, car elles réclament un niveau de pilotage inférieur à celui d’un hélicoptère ; les drones plus élaborés ne nécessitent même pas d’entraînement particulier.

 

 



29/09/2012
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