Le berger s’en est allé.
Ste FOY-de-BELVÈS
Marcel Pagnol, évoquant le décès du 28 juillet 1932, de Paul, son frère, dit ’’le dernier chevrier des collines d'Allauch’’. Robert, lui, fut le dernier pâtre parti des hauteurs de la Beuze.
En famille, ou dans sa contrée natale, on l’appelait Robert. Pour l’état civil, il était Louis Malepeyre. Il naquit dans les hauteurs saintes-foyennes de Brouste-Haut, tout un symbole, le 4 septembre 1936.
Ce jour du 4 septembre qui, en 1870, a marqué l’histoire de France, est une date historique. Hélas en 1936, autre date historique, les menaces sur la paix se précisent d’autant plus que, de l’autre côté des Pyrénées, l’appareil fasciste, sous la coupe de l’odieux Franco, se prépare, après 17 jours d’un combat terrible, à prendre Irun et à assassiner l’éphémère République d’Espagne. Ce jour là, ultime et fragile espoir, un talentueux stucateur, syndicaliste sexagénaire, Largo Caballero, issu du PSOE, il avait, bien entendu, une autre "trempe" que celui d’aujourd’hui, devient le chef du gouvernement républicain. Il associa toutes les composantes progressistes à l’espérance de survie de la démocratie.
Robert a poursuivi sa scolarité dans l’humble école rurale laïque de Ste Foy.
Dès son adolescence, il prend place dans la vie active mais il est exempté de servitude militaire.
Il est passionné par la vie rurale en général et par la vie des animaux qu’il adore. Après un stage formateur à Rambouillet, il devient berger et le restera jusqu’à son retrait de la vie active. Il a parcouru les pâtures et les estives sur les reliefs quercynois et auvergnats mais ses plus longs séjours ont été dans le Vivarais et le Dauphiné.
Jacques Picard, le prêtre, lors de son homélie, mit en avant les valeurs intrinsèques du défunt, homme consciencieux jusqu’à en devenir méticuleux, honnête s’il en était, qui faisait toujours passer en priorité son désir de nourrir les animaux… au besoin en se privant lui-même.
Robert, autodidacte, a été un homme d’une parfaite discrétion, mais d’une vive intelligence toujours renforcée par son désir de connaître par la lecture et son écoute radiophonique. Les pâtres ont peu le loisir de vivre avec la télévision.
Les bergers, dans notre culture, sont souvent associés à cette renaissance qui, depuis la nuit des temps, est un lien avec Noël. C’est la veille de cette fête qui, depuis la lointaine antiquité, s’impose comme le renouveau de la nature que Robert, épuisé par une longue maladie, s’échappa.
Sa cérémonie d’adieu, le 26 décembre, fut sobre, à la dimension de sa délicate modestie, mais empreinte de l’espoir de cette régénération qui unit tous les bergers.
Partageons la peine de ses proches affectés par son départ.
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