Val de Nauze

Messidor fut plus que présent au rendez-vous.

Le lit du Raunel

observateur des étés secs.

 

Les vacanciers, en général, souhaitent des journées ensoleillées pour les semaines de vacances qu'elles soient à la montagne, à la campagne et surtout à la mer. Les agriculteurs aiment bien pouvoir travailler sans pluie des fenaisons aux moissons. Les fruits pour aller vers un murissement parfait ont besoin d'un ensoleillement généreux mais l'excès devient  vite dévastateur, à tel point qu'un quotidien aquitain titrait, ces jours derniers, "le vignoble a soif" ; pourtant la vigne, par excellence, est la végétation qui s'adapte le mieux à la puissance de l'ensoleillement. Elle est génératrice des grands crus.

 

Nous souffrons tous des excès de la nature qu'il s'agisse des grands froids, 1956 est resté gravé dans les mémoires, des pluies diluviennes, des tempêtes redoutables, comme celle de 1999, et des étés caniculaires. Cette année, assurément, a pris date pour un été en pleine puissance mais si les médias, toujours à la recherche de records, le présentent comme exceptionnel il faut, tout de même, savoir nuancer. Le réchauffement de notre planète, mis en avant par la communauté scientifique, est certainement mesurable mais, dans un passé relativement proche, nous avons connu des épisodes marquants avant que ce réchauffement de la planète ne soit pointé avec autant d'insistance.

 

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Entre ces deux vergnes, c'est le nom donné, ici, aux aulnes, se glissent, dans un doux murmure, les ondes du Raunel. Que d'agréables souvenirs d'enfance, partagés avec mon cousin, à écouter le bruissement du Raunel ! Grand-mère disait que le Raunel tirait son nom de "rauna", expression occitane intraduisible qui veut dire quelque chose comme se plaindre. Cette version locale,  portée par nos ancêtres,  n'est pas celle de l'érudit es onomastique Jean Rigouste.

Le Raunel n'est pas parfaitement pérenne mais il résiste assez bien. Au premier chef on peut penser que la déforestation des feuillus de la Bessède y est pour quelque chose. Ses riverains disent l'avoir vu tarir plusieurs fois  ; dont en 1949 et 1976 et deux étés très récents. Plus en amont, sur la R.G de la Nauze, la Grille, pendant les étés, souffre mais ne tarit point. Certains Larzacois soutiennent que le Rivatel, aussi, affirme sa pérennité. Sur la R.D la Beuze est bien fragile et s'assèche les étés torrides et secs. Le Mamarel et le Valech [appelé, par dérive, la Vallée] s'éclipsent également lors des étés.

Méfions nous de nos modestes cours d'eau ils peuvent être, parfois, d'une violence soudaine ; surtout parce que leur régulateur, le massif forestier, a été altéré. Le Céou, à Daglan, emporta le pont en 1960. 

 

En 1949 la Loire pouvait être traversée à pied sec, à Orléans, car il n'y avait pas le moindre filet d'eau dans son lit. Cette même année le Céou a du tarir pendant un semestre, de mai à septembre. On ne savait plus où aller quérir l'eau pour la consommation des ménages et du bétail. Les rares sources persistantes étaient recherchées, presque vénérées, et les paysans allaient vers elles avec tous leurs moyens, des seaux aux charrettes, chercher le précieux liquide. Il s'est dit que certaines toutes petites sources, taries cet été là, ne se sont pas rétablies depuis. Un peu partout on trouve des hydronymes nous rappelant la fragilité des sources tels Font-morte, Fonmorte ou Fonperdue, ne parlons pas, aujourd'hui, du nom controversé de Fon du Loup, avec toutes les variantes de ces toponymes. On notera que la terminologie de "source" qui, à  l'origine, était l'endroit où l'eau sort de terre, avec de superbes images mythiques depuis les temps antiques, de nos jours est écrasée, presque  anéantie, par tant d'autres départs lexicographiques; source de revenus, sources d'énergie, sources d'information, source de conflit,  etc…

 

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Ces plantes aquatiques aimeraient bien que l'eau revienne au plus tôt !

 

Cette année la nature a, certainement, souffert. Les premiers fruits, dont les cerises, ont été bien sucrés mais les pêches ont peu grossi cet été  et les raisins attendaient les pluies estivales pour croitre.

 

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Le "tunnel" artificiel de Raunel. Cet ouvrage, peu courant, de génie civil, a été créé au milieu du XIXème siècle sous un remblai permettant à la ligne de chemin de fer de passer de la colline sioracoise de Pech Bracou au flanc escarpé monplaisanais de Bosredon. [Pour les passionnés de chemin de fer il faut préciser que ce remblai, qui surplombe le lit du Raunel d'environ 8 mètres, est merveilleusement régulier, avec une déclivité quasi-parfaite de 16 ‰, ce qui a permis de classer la ligne dans les limites du freinage forfaitaire].

Un lit de ruisseau asséché c'est une bergère sans troupeau, ce n'est même plus un ru mais seument un fossé...

 

Messidor fut très chaud. Thermidor semble bien plus  nuancé. Les semaines à venir vont nous permettre de nous reposer de la très longue chaleur inhabituelle chez nous.

 

Pierre Fabre.



09/08/2015
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