Val de Nauze

Qu'est ce qu'un lieu de mémoire.

 

Vendredi 7 et lundi 10 mars deux groupes de collégiens de Pierre Fanlac vont se rendre à Oradour-sur-Glane. Cette pérégrination scolaire, hautement symbolique, m'amène à féliciter les responsables de cet établissement qui maintiennent une tradition établie depuis plusieurs années.

Cette sortie pédagogique me conduit à parler aujourd'hui de lieux de mémoire bien divers. Que les érudits veuillent bien m'excuser mais certains ne sont pas connus de tous !

 

Pierre Fabre.

 

Le lieu de mémoire est un concept historique mis en avant par l'ouvrage les Lieux de Mémoire, paru sous la direction de Pierre Nora entre 1984 et 1992. Le mot fait son entrée dans le dictionnaire Le Grand Robert de la langue française de 1993 et devient d’un usage courant. [Encyclopédie Wikipédia].

 

 

Qu'est ce qu'un lieu de mémoire. Cette question pourrait faire l'objet d'une belle dissertation scolaire. Les lieux de mémoires ne manquent pas ; tant en France qu'à l'étranger.

 

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À l'étranger. La Villa Grimaldi est un symbole de la mémoire collective du Chili : après avoir été l'un des principaux centres de torture et d'extermination pendant la dictature militaire entre 1973 et 1978, elle est devenue un lieu de lutte pour le respect et la défense des Droits de l'Homme et la préservation de la mémoire historique du pays. Elle est déclarée Monument Historique par le Conseil des Monuments Nationaux du Chili depuis le 27 avril 2004.

 

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Le Maqam ash-shahid à Alger, symbolise l'Algérie de l'indépendance. Ce monument, haut de 92 m, est composé de trois parties. Elles évoquent les trois piliers de l'Algérie post coloniale : l'agriculture, l'industrie et la culture. C'est aussi un lieu de mémoire rappelant le sacrifice de centaines de milliers d'Algériens pour l'indépendance de leur pays.

 

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La place Tian'anmen devrait être un haut lieu de mémoire très symbolique puisque de cette place, en 1989, souffla un vent de liberté totalement insupportable pour les "maîtres" des lieux.

 

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La Russie tsariste chut en 1917. Un extraordinaire renouveau aurait pu naître. L'ère stalinienne et post-stalinienne préféra envoyer dans les goulags, plagiats des camps nazis, ses opposants plutôt que démontrer que le marxisme pouvait être un merveilleux assemblage de libertés individuelles. Les stigmates de la peine de mort et les goulags, en défiant l'humanisme, sont parmi les plus honteux schémas des dictatures. Il faut absolument les placer sur le chemin des lieux de mémoire.

 

D'autres lieux de mémoire hautement symboliques.  

 

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L'UNESCO retrace l'Histoire quelque peu épique liée à trois monuments haïtiens de la Citadelle ; La Ferrière, le Palais Sans-Souci et le site des Ramiers. Il s'agit bien d'une consécration décisive, par l'UNESCO, de lieux de mémoire essentiels à travers lesquels Haïti célèbre, face au monde, son identité propre, celle des martyrs de l'esclavage et celle des héros de l'indépendance de la première nation noire de l'Histoire.

 

Revenons aux lieux de mémoire de notre Hexagone. Ils sont multiples et variés. Ils peuvent, le cas échéant, ne comporter aucun monument ou très peu. Le Camp dels Cremats où, le 16 mars 1244, 250 cathares, dont des enfants, refusant la dictature des catholiques, représentée par la puissance du pape Innocent III et du roi de France Louis IX, roi qui prit l'épithète de Saint Louis, périrent brûlés ou le Chemin des Dames, théâtre opérationnel de la Guerre de 14/18, tout comme les grottes du Vercors ou Le Mont Valérien illustrent des lieux de mémoire parfaitement connus.

 

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Comment passer sans s'émouvoir à côté des villages radiés de l'Aisne et de la Meuse, Ailles, Beaulne-et-Chevy, Courtecon, Grandelain-et-Malval, Moussy-sur-Aisne, Vauclair-et-la-Vallée-Foulon, Beaumont,-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Fleury-devant-Douaumont, Hautmont-près- Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre, Ornes, Vaux-devant-Damloup sans oublier Douaumont.

 

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L'origine du nom "Chemin des Dames" est bien antérieure à la Première Guerre mondiale. Elle remonte à la veille de la Révolution de 1789, à une époque où on appelait "Mesdames" les filles du Roi Louis XV (les tantes de Louis XVI).

En 1776, la Duchesse de Narbonne, Dame d'honneur de Madame Adélaïde, l'une des filles du Roi Louis XV, est devenue propriétaire du château de la Bove près de Bouconville et de l'Abbaye de Vauclair. 

En prévision d'un voyage que devaient faire à la Bove Madame Adélaïde et sa soeur Sophie, Madame de Narbonne n'a cessé de demander, à partir de 1780, à l'administration des Ponts et Chaussées la transformation en route carrossable du chemin qui allait du carrefour de l'Ange Gardien (entre Laon et Soissons, sur l'actuelle RN 2) à Corbeny (sur l'actuelle RN 44 / D1044).

Après bien des rebondissements, la "route pour les Dames" a fini par être construite au cours des années 1785 - 1789. 

Il semble bien que les Mesdames de France ne l'ont jamais empruntée, une fois terminée.

En effet, dans les archives et contrairement à ce qui est souvent affirmé, on ne trouve mentionné qu'un seul voyage de Mesdames à la Bove, en 1784.

 

Le Chemin des Dames fut le théâtre d'une atroce tuerie d'où Nivelle, en échec, naturellement, comme il se doit, sortit intact. Sa stratégie justifia, pour la haute hiérarchie militaire, de fusiller, pour l'exemple, une dizaine de braves poilus taxés de mutins. Ce n'est certainement pas une des plus belles pages de l'histoire de nos généraux. Pensons surtout à ces braves poilus qui auraient, certainement, préféré travailler dans leurs champs ou s'activer sur leurs lieux de travail plutôt qu'être engagés dans cette terrible guerre.

 

 

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La cloche du Mont Valérien rappelle que tous les résistants, hélas, ne sont pas identifiés et nombre d'entre eux n'ont droit qu'à la reconnaissance anonyme.

 

 

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Le Mémorial de la Shoah, à Paris IVème, témoin des atrocités nazies.

 

 

 

  

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Le village d'Oradour-sur-Glane a suffisamment marqué nos esprits pour ne pas être oublié de ce siècle. Qu'en sera-t-il dans futur ? 

 

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Qui aujourd'hui ose se souvenir du "sac et du ravage du Palatinat" ; barbaries militaires dont la brutalité  et  l'absurdité n'honorent ni la Maison de France ni Turenne.    

  

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On peut considérer que la Station du Métropolitain de Charonne est, en quelque sorte, un lieu de mémoire compte tenu de la sévère répression du 8 février 1962, voulue par Ch de Gaulle, Roger Frey et Maurice Papon, à l'endroit des progressistes hostiles à cette insensée Guerre d'Algérie.

 

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 Plaque de Charonne.

 

 

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Qui pense à ce premier résistant, photo en médaillon, en empruntant le métropolitain à la station Jacques Bonsergent.

 

Citons aussi deux autres stations ; celle de Jacques Bonsergent, [on lui attribue l’un des premiers faits de résistance dans Paris, il fut aussi le premier civil parisien fusillé au Fort de Vincennes, à 28 ans, pour avoir refusé de dénoncer le coupable d'une brutalité à l'encontre d'un soldat allemand] ou Guy Môquet le tout jeune lycéen fusillé à Chateaubriant.

 

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Une modeste plaque de rue, Giffault ou Manchotte, résistants belvésois, ou d'immeuble, Martinet maire de la Résistance, peut aussi être un lieu de mémoire.

 

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L'histoire a besoin de lieux de mémoire pour pérenniser ses grands moments. Ainsi Le Monument aux bourgeois de Calais, d'Auguste Rodin, rappela, 548 ans après, l'histoire d'Eustache de Saint Pierre et de ses cinq compagnons, héros de l'humilité des Calésiens, livrés, en chemise, à la force d'Édouard III. Ils émurent, comme chacun le sait, son épousePhilippa de Hainaut.

 

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Une tour peut aussi être un témoignage de la souvenance, celle de la Reine Constance à Aigues-Mortes où le message lapidaire, un seul mot occitan, "register", résister en français, de Marie Durand nous rappelle l'absurdité de l'ostracisme et de l'intolérance religieuse qui boutaient les huguenots en parias.

 

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Nos nécropoles, bien entendu, sont des lieux de mémoire et le tout petit cimetière de St Cassien, la plus modeste commune du département, est, au même titre que le Père Lachaise, un lieu de recueillement.

 

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N'oublions pas non plus les lieux de mémoires qui ne comportent pas ce volet tragique des affrontements armés mais qui jalonnent notre patrimoine. C'est le cas des musées et la Filature, dite de Belvès, sise au Moulin du Cros, écart de Fongauffier, sur la commune de Monplaisant, illustre parfaitement la souvenance de ces femmes et de ces hommes qui nous lèguent le passé multi-séculaire de la laine.

 

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Revenons à nos stèles de la Résistance. On pourrait, comme de nombreuses personnes le pensent, faire litière de cette épopée qui, par ailleurs, a été souillée par quelques épisodes controversés. Ce serait, d'une part, indigne de nous, héritiers directs de cette génération à qui l'on doit notre existence, et, aussi, notre liberté recouvrée il y a 70 ans, mais, d'autre part, -et ce serait bien plus grave encore- une grave inconscience car, de toutes parts, cette peste grise tente de renaître et il faut, impérativement, la briser dans l'œuf si l'on ne veut pas voir cette idéologie, pleine de haine et de brutalité, retrouver ses épouvantables marques.


Même les citoyens qui n'ont aucune sympathie pour Karl Marx sont bien obligés d'admettre qu'il était loin d'avoir tort en affirmant : "Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à  la revivre."

 

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Le 27 mai, jour anniversaire de la Fondation du C.N.R, a été choisi par le Comité cantonal de l'A.N.A.C.R de Belvès, pour honorer la mémoire des partisans du Val de Nauze et ceux de ce bassin de vie victimes de l'atrocité des nazis. Ce mémorial rassemble les noms des résistants tombés à Vaurez, commune de Monplaisant, à Fongauffier à la jonction de Belvès et Monplaisant, à Landrou, commune de Belvès et au barrage de Tuilières, commune de St Capraise-de-Lalinde.

On notera que 2014 est l'année du cinquantenaire de la réception de Jean Moulin au Panthéon.

Ce 27 mai 2014 sera donc commémoré, au rond-point de Fongauffier, à 18 h 45, avec toute la solennité due à cet anniversaire.

"Le Chant des partisans" sera entonné par "l'Ensemble vocal de Belvès" et "La Marseillaise" par les collégiens de Pierre Fanlac.

 

 



05/03/2014
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