Val de Nauze

De la colline de Pessarni

au plus récent

des ponts de Bordeaux.

Bordeaux se veut d'être un livre d'histoire par le nom de ses artères, cours d'Albret, de la Somme, de la Marne, de l'Yser ; voire de ses édifices monuments, lycées et espaces, Victoire, Palais Gallien, monument des Girondins, Lycée Eiffel…  

Le pont Chaban, le dernier ouvrage jeté sur la Garonne, a été ouvert au public le jour de l'an. Crédit photo Ma ville (Facebook).

La métropole d'Aquitaine fière de ses ouvrages traversant la Garonne n'avait au milieu du siècle précédent que deux ponts. Le pont de pierre, viaduc de 487 mètres construit, entre 1810 et 1812, avec de la pierre et en brique, et la passerelle Eiffel, ouvrage métallique ferroviaire de 509,69 mètres, daté du 25 août 1858.

On notera que le Pont de pierre compte dix-sept arches (nombre de lettres dans le nom de Napoléon Bonaparte). Sur les côtés, chaque pile de briques est rehaussée d'un médaillon blanc en l'honneur du général félon qui assassina notre Première République. Il porte aussi les petites armoiries de la ville ; les trois croissants entrelacés. L'ouvrage est parachevé en 1821 pour le gros œuvre.

Ce pont reste le seul pont bordelais permettant la circulation routière jusqu'à la construction du pont Saint-Jean en 1965.

Depuis ce  mardi 1^er janvier 2013, puisque la fin du monde a bien voulu nous épargner ces jours derniers, la première cité d'Aquitaine a livré, à plusieurs dizaines de milliers d'admirateurs du génie civil, le pont Chaban.

Ce pont sera officiellement inauguré le 17 mars et il sera intéressant de revenir sur l'historicité et la pertinence de ce nouvel ouvrage.

Cliquez sur l'image.

Il y avait, vraisemblablement, peu de "Nauzéens" ce jour de l'an 2013, sur le pont Chaban. Pour cette avant-première les arrière petites-filles d'Andrée-Passerieux-Lafon, la regrettée doyenne des Sagelacois, décédée il y a près d'un an,  n'ont pas manqué cette manifestation grâce à Élisabeth, leur mamie, à Julien et Sébastien, leurs oncles et Maria l'amie de Julien. Dommage que mon meilleur ami, René Lafon, leur papy, ait manqué cette occasion. Photo Sébastien Lafon.

Coline, Noémie, Maria, Julien et Élisabeth pourront dire "J'y étais".

On notera que le pivot de l'Aquitaine, par ses ponts, donne un coup de projecteur rétrospectif sur des personnages de l'histoire récente de notre pays. Après le pont François Mitterrand, ouvert à la circulation il y a vingt ans, c'est le tour du pont Chaban. Jacques Michel Pierre Delmas, dit Jacques Chaban-Delmas, est né le 7 mars 1915 à Paris XIII^ème. Il décéda le 10 novemmbre 2000 à Paris VII^ème.

Ces deux personnages du même âge, à un an près, ont compté dans la vie du pays. Le premier, dans l'ordre de l'âge, entra en résistance en décembre 1940. Le second, celui qui, au terme d'une sinuosité d'exception, rivalisa avec les raffinements circonstanciels de Talleyrand, accéda à la plus haute marche. Délégué du Service national des prisonniers de guerre, au printemps 1943, il n'entra en résistance, sous le pseudonyme de François Morland, qu'en 1943, après avoir été le récipiendaire numéro 2202, de l'Ordre de la Francisque du maréchal Pétain ; d'aucuns de ses dizaines de milliers de "courtisans", thuriféraires à l'envi, veulent situer son adhesion à la fronde libératrice à l'année 1942.

C'est, manifestement, bien que Bordeaux, par sa microtoponymie, écrive un long livre d'histoire. L'histoire n'est pas, forcément, toujours glorieuse et, bien que nos contemporains n'en soient nullement comptables, n'oublions que Bordeaux fut, tout comme Nantes, une cité qui prospéra grâce à son atroce négoce d'esclaves. Il serait, probablement, pertinent que le virtuel futur maire de Bordeaux pense, par devoir de mémoire, lors d'une prochaine grande opération de génie civil, à faire acte de repentance pour cet odieux trafic qui n'honore pas l'histoire de notre métropole régionale.

Pierre Fabre.