Val de Nauze

Un patrimoine en recul et de plus en plus menacé.

 

S'il est un "sport" dangereux, largement pratiqué dans notre ruralité, c'est l'escalade… de la destruction des chemins ruraux.

 

Selon Vie & paysages, 200 000 Km de chemins ruraux ont disparu entre la Libération et l'an 2000.

 

 

Les chemins ruraux sont des propriétés privées de la commune. L'autorité chargée de leur gestion, de leur conservation et, hélas, disposant du droit d'aliéner des segments de ce réseau, c'est l'exécutif municipal représenté par le maire. Certains en ont usé avec un discernement pointilleux et raisonnable ; d'autres saccagent -ou ont saccagé-, sans vergogne, le patrimoine des ancêtres.

 

Les communes qui ont pour mission de respecter les deniers publics n'ont aucune obligation d'entretien de chemins ruraux s'ils ne desservent aucun habitat ou lieu d'activité ; par exemple, un atelier, une carrière, un stade.... Fort heureusement, l'obsolescence de chemins ruraux inutilisés ne peut déboucher sur une obligation tacite d'aliéner.

Mieux vaut, pour se prémunir pour l'avenir, garder une assiette de chemin rural devenu un roncier plutôt que de l'aliéner.

 

 

Cliquez sur l'image.

 

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Un superbe chemin creux sagelacois, photo Pierre Fabre, implanté au niveau du hameau du Village. Ce chemin, depuis des lustres, ne connaît plus le charroi des paysans. Ci-dessous, une particularité surprenante : le chemin rural du Village enclavé. On ne peut donc s'y rendre qu'en foulant des parcelles privatives de particuliers.  

 

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On trouve un peu partout des lieu-dits "Le Village". Ces toponymes n'ont rien à voir avec l'agglomération mais, dans un lointain passé, doivent être des sites qui ont connu l'érection d'une villa gallo-romaine.  

 

Nos ancêtres les appelaient avec la forme de respect dû au patrimoine collectif, les chemins classés. Ces chemins ont une histoire multiséculaire, parfois bimillénaire. Ils ont été tracés pour permettre à nos ancêtres de se rendre à leurs lieux de culture, leur bourg, les lieux cultuels de leur paroisse ou collectivité, aux hameaux de leur voisinage,  aux foires et marchés des villages. Dans nombre de cas, ils étaient le lien avec la mer, chemin de la Mer au Buisson, Cami Salié à Pau…  C'était aussi le dernier chemin emprunté par les disparus ; dans de nombreuses entités rurales escarpées, on trouve "le chemin des morts". Il ne serait venu à aucun montagnard l'idée d'en contester la pérennité.

Ces chemins suscitent beaucoup de nostalgie car ils ont, aussi, été le chemin des écoliers. Il apparaît de plus en plus impossible de se promener en empruntant les routes départementales. Il est malaisé et dangereux de se risquer d'aller de Belvès à Siorac en empruntant la R.D 53 puis la R.D 710. Il existe cependant divers chemins ruraux qui suivent le creuset de la Nauze en épousant l'antique voie romaine qui reliait Vésuna, Périgueux, à Divona, Cahors. En bien des endroits, son assiette est obturée par la végétation, par le glissement de terre généré par l'érosion ou par des occupations irrégulières, notamment barrières de clôture de parc à bestiaux ou autres. L'éclosion de panneaux "propriété privée", implantés le plus près possible des chemins a pour but de décourager les promeneurs à s'aventurer...

 

Pourquoi faut-il s'opposer avec énergie à leur disparition ?

Vie & paysages rappelle que ces chemins irriguent et drainent l'espace, orientent et canalisent les circulations rurales ; souvent, ils délimitent les lieux, ils se prêtent à des circulations empreintes de douceur vers les champs, prés, bois et guérets. "Même embroussaillé, un chemin rural joue un rôle important pour la faune et la flore. Qui peut dire que ce chemin ne sera pas utile pour l'activité humaine ou les loisirs dans les années à venir ? Tel un vieux réseau qui se déchire, ce sont les traits précieux du visage de la France que l'on fait disparaître, c’est de l'Histoire, de la Nature que l'on supprime."

Ces chemins sont souvent des circuits de randonnée balisés,  permettent les déplacements de tous les usagers (chasseurs, agriculteurs, cavaliers, randonneurs, promeneurs..), des liaisons entre les bois enclavés (trame verte).

En les conservant, on maintient les haies qui les bordent, on favorise la biodiversité (faune, flore, lieux de nidifications) et on assure des corridors biologiques. Notons que les haies,  là où elles perdurent, retiennent les eaux de ruissellement donc réduisent l’érosion des sols.

 

Qui sont les responsables du saccage des chemins ruraux ?

 

Les riverains qui ont tendance à s'approprier les chemins ruraux qui traversent ou bordent leur propriété ne sont pas les seuls responsables. Les élus municipaux, par leur passivité -quand ce n'est pas par leur complicité- sont les principaux responsables de ces ravages à l'encontre de notre patrimoine. Les élus, par tradition, ne répugnent pas à être reconduits, alors ils louvoient, ils atermoient et pèsent ce qui peut les mettre en difficulté ou, a contrario, les favoriser.

N'oublions pas que pour qu'un chemin rural soit aliéné, il faut réunir plusieurs conditions dont la première est l'acquiescement à la majorité du conseil municipal, après avoir pris connaissance du rapport du commissaire enquêteur. Le malheur c'est que la publicité légale, souvent la plus discrète possible, de cette manœuvre, est bien souvent, trop souvent, ignorée des citoyens.

Un exploitant agricole qui, selon son point de vue, estime qu'un chemin rural n'est pas -ou très peu- emprunté, a tendance à le labourer ou à y implanter une clôture.

Les chemins ruraux ont quelques défenseurs, le Code rural, les promeneurs et les chasseurs, mais que pèsent-ils face aux assauts de ceux qui n'ont cure de la sauvegarde du patrimoine collectif !

Depuis la nuit des temps, dans ce domaine comme dans tant d'autres, deux schémas s'affrontent : l'intérêt général et l'intérêt particulier. Il paraît totalement hors de portée de retrouver dans l'addition des intérêts particuliers, l'équilibre, l'harmonie, la prévoyance, la sauvegarde et la justesse de l'intérêt général.

 

L'usucapion, ce fléau dévastateur du patrimoine.

 

Certains comptent sur l'usucapion pour s'approprier ces merveilleux legs de nos ancêtres. Attention ! si vous "usucapez", il faut tenir 30 ans, sans la moindre objection, et jusqu'à preuve du contraire, l'usucapion de personnes qui vous ont précédés n'est, heureusement, pas transmissible.

 

D'ici le printemps, une réunion  publique ouverte aux citoyens interpellés par la problématique et aux associations qui sont concernées par l'environnement et les loisirs ruraux, pourrait réunir celles et ceux qui appréhendent les menaces redoutables qui pèsent sur les chemins ruraux.

 

Divers points de ce texte s'inspirent de Vie & Paysages.

Invitez-vous sur :

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24/02/2016
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