Un XIV juillet bien marqué en terre de confluence.
Sur les hauteurs de la terre de confluence, au foirail de Siorac, pour ce 14 juillet, on était loin, bien loin, de la démesure pharaonique, voulue par le premier personnage de l'État, qui est de nature à choquer quand on sait combien il y a de citoyens, hélas de plus en plus nombreux, en situation de précarité.
Chaque jour la communauté humaine perd un nombre incalculable des siens ; parfois dans des conditions horribles. Pour ce 14 juillet nous fûmes interpellés par deux catastrophes de la circulation ferroviaire et routière. J-Pierre Riehl demanda une minute de silence pour les victimes du plus sensible de ces drames ; l'accident inédit de chemin de fer de Brétigny-sur-Orge. Cette minute de silence, implicitement,les réunissait tous.
Les Sioracois et leurs hôtes cherchaient l'ombre soit sous le chapiteau soit sous les courts ombrages des arbres en pleine renaissance.
À Siorac il y eut, certes, quelques dépenses bien mineures pour fêter ce qu'il nous reste encore de cette République malmenée, surtout depuis qu'elle est à sa cinquième version, et pour se rappeler que cette date, historiquement, fut choisie en référence à la Fête de la Fédération
Avant le pique-nique du foirail , où chacune et chacun ont apporté ce qu'elles et ils voulaient et après l'allocution du maire, Siorac a offert à ses concitoyens, à ses touristes et à ses invités des agapes républicaines, symbole de convivialité et de partage, qui réunissaient sous le chapiteau des personnes des diverses sensibilités différentes. C'est là un moment d'une belle intensité républicaine.
Revenons à Siorac, cité de confluence bien vivante, qui a choisi pour devise, en 2011, "Aquís'acampan las aigas e los òmes" ; soit "Ici se rencontrent les eaux et les hommes". Pour ce 14 juillet, parfaitement ensoleillé, on pouvait estimer à deux centaines de Sioracois et d'invités des instances municipales à fouler le sol du foirail, non pour s'armer de piques et partir à l'assaut des privilégiés mais, plus pratiquement et sereinement, pour partager un bien agréable moment d'intensité républicaine.
Le soleil dardait fort ; c'est bien naturel pour un des derniers jours de Messidor. Le foirail, bien arboré, n'avait comme ombres que celle des chapiteaux car les arbres sont, pour cette année, en pleine renaissance.
C'est le trinôme de Mado Musique qui a animé ce XIV juillet. On a entendu bien des airs qui ont séduit les seniors de cette manifestation dont, en hommage à André Verschuren, disparu ces jours derniers, "Les fiancés d'Auvergne". Naturellement ce trio joua "La Marseillaise" et l'on put remarquer que le doyen des Sioracois fit l'effort de se lever par respect de notre hymne.
Au cours du pique-nique c'est "Le temps des cerises", un moment fort de l'historicité frondeuse, qui fut interprété.
Un cours d'histoire magistral. Jean-Pierre Riehl, dans ses prérogatives de maire à plein temps, se livra, comme il en a l'habitude, à un slam historique sur cette épopée qui vit naître, plus qu'une révolte, une Révolution. L'enjeu de la Bastille, symbole de l'oppression, n'est certes que symbolique mais la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et, peut-être, plus encore, l'abolition des privilèges sont des références historiques qu'il faut absolument mémoriser. Elles furent des points forts de son allocution.
Un petit rappel sur le personnage de Talleyrand, il n'avait de Périgord que le patronyme, rappela combien les hommes sont capables de versatilité et, bien que J-P Riehl n'en parla point, ce n'était pas le jour, nous en avons tous connus y compris sur les plus hautes marches. Le maire parla aussi de Lafayette qui aida une colonie anglaise, et quel ensemble, à acquérir sa souveraineté.
Le chemin paraît bien long puisqu'il a fallu un siècle, après le tumulte de la Révolution, pour que notre pays scelle la République dans son embasement majoritaire.
C'est 32 ans après la salutaire abolition de la peine de mort, à porter au crédit de la mouvance progressiste, certes, mais du travail exceptionnel de Robert Badinter en particulier, que le maire de Siorac souligna une évidence dont nous devrions tous avoir conscience. "Un roi paya de sa vie pour tous ses prédécesseurs ce qui n'empêcha pas l'arrivée de deux empereurs et de trois rois avant la République".
J-P Riehl, avec juste raison, dit, "Ne jetons pas la pierre aux pays où des nouveaux peuples essaient de construire leur démocratie".
Il dit aussi -et combien c'est exact- "L'histoire de France est ainsi pleine de paradoxes".
Recentrons nous. Quand on s'approche du couperet final d'une mandature il est bon de regarder en arrière si le chantier fut bien mené. Pour J-P Riehl c'est assurément oui, à deux exceptions et demie près. Faisons grâce de ces obstacles qui mériteront d'être contournés ultérieurement.
Tout le monde s'attendait à ce que le maire, un jour ou l'autre, annonce qu'il repartait à la recherche d'une nouvelle mandature. Désormais c'est acté.
Siorac ayant atteint ou dépassé le millier d'habitants le scrutin municipal sera, en 2014, à liste(s) paritaire(s) et bloquée(s). Fini les votes individuels, parfois teintés de dérision ou fantaisistes. Autre nouveauté s'il y a plusieurs listes une toute petite part de proportionnelle fera son apparition dans les localités ou au moins une liste, d'une part, obtiendra 10 % des suffrages et, d'autre part, aura atteint le quotient pour l'obtention d'un ou plusieurs, siège(s). On baigne dans l'hégémonie du courant dominant favorisant l'écrasement des minorités indociles. Certains, néanmoins, sans trembler, en se réfugiant sous un verbe hautement fallacieux, du plus mauvais aloi, parlent de proportionnelle alors qu'il ne s'agit que d'une proportionnelle finement dévastatrice et tronquée puissance X !
Les sensibilités les plus fragiles auront encore plus de mal à pouvoir constituer des listes, paritaires de surcroît, et le bipartisme, si ce n'est pas le monopartisme, deviendra triomphant.
D'autres échéances sont prévues pour 2014. Les élections départementales, élections européennes et les communautés de communes. Pour toutes ces élections le cumul des mandats, voulu et souhaité par les appareils politiques, sera maintenu. Le report d'un petit nuancement, proche des calendes grecques, fut un soulagement pour tous les cumulards qui, peut-être, espèrent qu'une éventuelle future majorité saura abroger, comme l'actuelle majorité sut abroger les conseillers territoriaux, ce très timide assainissement de la vie citoyenne.
Liberté, égalité, fraternité. Notre très belle devise idéaliste, bien républicaine, qui, malheureusement, n'est guère concrétisée dans les faits figurera en lettres en fer forgé devant la mairie grâce au savoir faire, à la disponibilité citoyenne et au bénévolat d'un élu municipal d'exception… de Monplaisant. J-P Riehl s'inspirant de la devise de Monplaisant figurant sur le parvis de la maison commune a obtenu que Bernard Grenier exporte sa technique à Siorac. J-P Riehl l'en a remercié dans son allocution.
Il restera à Paul-Marie Chaumel, un autre Monplaisanais, de parachever la mise en place à la mairie. Notons que Paul-Marie, une fois encore, a donné toute son énergie pour ce 14 juillet comme pour tant d'autres manifestations. C'est, là aussi, une manière efficace de démontrer que le rôle des citoyens, dans nos entités, peut ne pas être seulement à la marge.
Photos Pierre Fabre.
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