Yvon Delbos taquinait la muse.
Yvon Delbos. |
Yvon Delbos est un homme politique français, né le 7 mai 1885, à Thonac. Il décéda le 15 novembre 1956 à Paris. C'est une idée totalement fausse qui situe sa naissance à Carvès. L'écart de Taysse, à Carvès, certes, est un des berceaux de la famille. Les pérégrinations pédagogiques de son géniteur ont néanmoins fait que sa naissance eut lieu dans cette commune septentrionale de la Forêt barade. Son parcours politique est ponctué de fauteuils ministériels importants ; Affaires étrangères, Défense nationale et, surtout, Éducation nationale.
Après avoir fréquenté l'École normale supérieure il se passionne pour la politique et entre au Parti radical. |
Blessé lors de la Première Guerre mondiale il est affecté à l'aviation après sa guérison. Ses qualités de plume font de lui le rédacteur en chef du journal Le Radical. En 1919 il fonde "l'Ère nouvelle" et rejoint la "Dépêche de Toulouse" ; journal de la famille Baylet.
En politique ce fervent européen, vice-président de l’Internationale libérale, siègera plus tard à l’Assemblée de la C.E.C.A. Il a contribué, par ses vives critiques, à la chute de Pierre Laval en 1935.
Yvon Delbos fut un des rares parlementaires, à l'exception des élus communistes déchus par une sinistre oligarchie, en fuite, voire emprisonnés, à s'opposer à l'Armistice demandé par Pétain. Il s'embarque le 20 juin 1940 avec d'autres parlementaires sur le "Massilia" qui gagne Alger. Résistant, il fut arrêté et déporté à Oranienburg, ville du Brandebourg, de 1943 à 1945.
Yvon Delbos a connu peu d'échec en politique si ce n'est, en 1945, quand Eugène Raymond, un médecin issu de la Résistance, emporta dans la liesse de la Libération, avec l'étiquette du P.C.F, le siège de conseiller général de Montignac. Yvon Delbos tenta même l'élection présidentielle de 1953. Avec 225 suffrages, soit 24,40 % des exprimés, au troisième tour, il réalisa son meilleur score. Au quatrième tour, sérieusement concurrencé par Marcel-Edmond Naegelem, S.F.I.O, il n'en conserva que 42, soit 4,58 %, et il se retira. Son retrait favorisa, au treizième tour, l'élection du président Coty.
Mon ami Pierre Petit, un de ses petits petits-cousin, dispose de quelques documents manuscrits laissé par Yvon Delbos.
Celui qui figure ci-dessous, hélas non daté, a priori, est à situer pendant la période où Yvon Delbos était éloigné du Périgord par ses études. Le sonnet qu'il nous restitue traduit le penchant affirmé de l'auteur pour la nature.
P.F
Sur les vacances !
Adieu sombre prison de ma triste jeunesse, Je m'en vais deux longs mois goûter la liberté, Je m'éloigne de toi le cœur plein d'allégresse, Pour jouir d'un repos que je crois mérité.
Salut ! Mon doux pays, nature enchanteresse Mon cœur est enivré de ta simple beauté Salut ! Riant cours d'eau qui fuis* avec paresse Mirant d'un clair soleil le rayon argenté !
Salut ô verts coteaux qui dominez sa rive Et qui l'envahissez d'une ombre progressive Quand apparaît Phœbé** dans les cieux découverte.
Là, chasseur j'atteindrai la perdrix et la grive Pécheur je chercherai pour les poissons les vers Et versificateur les rimes pour les vers.
Yvon Delbos. Sonnet. Date inconnue à situer entre 1904 et 1908. |
* La conjugaison du verbe fuir (verbe du troisième groupe) à la troisième personne du singulier du présent indicatif donne, logiquement, fuit. S'agit-il d'une licence poétique du fin grammairien, agrégé de l'université, interpellant le cours d'eau à la deuxième personne du singulier mais là le "qui" sous-entend, vraisemblablement un "tu" ou, tout simplement, d'une inattention mais cette hypothèse paraît très improbable.
On notera que le fin lettré à la strophe suivante apostrophe les verts coteaux avec dominez et envahissez.
On ignore le nom du cours d'eau évoqué par l'auteur. S'agit-il des agrestes "vassaux" de la Nauze, arrosant le pied des reliefs carvèsois, le Valech et son affluent le Neufond, dont les ondes, à l'époque, selon la tradition orale, étaient pratiquement pérennes, ou de la Vézère réunissant, dans le Montignacois, ses affluents le Dorian ou le Thonac !
** Dans la mythologie grecque, Phébé ou Phœbé (en grec ancien Φοίϐη / Phoíbê, « brillante ») est une Titanide, fille d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre).
P.F
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