Val de Nauze

Belvès une mairie à prendre... ou à reprendre !

 

 

 

Belvès une mairie à prendre… ou à reprendre!

 

File:Belves Dordogne France Summer2006.JPG 

 

Être d'ici. Les élections municipales, pendant plus d'un siècle, dans notre ruralité profonde, étaient, depuis l'arrivée du suffrage universel, un terrain de chasse réservé aux gens d'ici par opposition aux pièces rapportées. Ici étant une terminologie aussi vague que possible. Cela autorisait certains citoyens, dont les racines établissaient leur matrice dans le terroir, mais qui, pour des raisons diverses, s'étaient échappés vers la ville. Ce concept d'éligibilité ne s'appliquait pas à l'élite. On admettait par évidence qu'un avocat, qu'un médecin, qu'un bon bourgeois, sans antériorité locale, puisse se dédouaner de ce paramétrage d'inéligibilité,  non de droit mais de fait. Ces règles, bien sûr non édictées par le code électoral mais par les usages, ont, heureusement, tendance à être devenues dérisoires voire à être éradiquées.

Avant d'essayer d'aborder ce sujet qui interpelle les citoyens passionnés par la vie locale il faut préciser que l'on n'est pas encore en mesure de savoir si Belvès, qui flotte autour du seuil de 1500 habitants, atteindra ce niveau. Dans l'hypothèse basse Belvès comptera 15 élus et 19 si la ligne est franchie.

 

Municipales de Belvès.jpg

Dans l'hypothèse où Claudine Le Barbier reprendrait la mairie de Belvès elle devrait, comme en 2004, se démettre d'un de ses deux mandats. Le législateur a admis le cumul de trois mandats pour les parlementaires avides d'honneurs, d'indemnités parlementaires et de cumul. Leur culture des ego, théoriquement, devrait être perturbée mais pas avant 2017, c'est à dire que l'on s'approche des calendes.

Pour Christian Léothier, président de l'office de tourisme, ce problème de cumul ne se pose pas.

 

Les potentialités. Les élections municipales, à Belvès, cette prochaine année 2014 vont promouvoir un nouveau maire qui, par hypothèse, peut être un ancien maire.

En effet Claudine Le Barbier, sans avoir dit d'une manière formelle qu'elle repartira à l'assaut de la mairie qu'elle occupa de 1996 à 2004, ne fait pas mystère qu'elle y réfléchit sérieusement. Le bruit a, par ailleurs, circulé qu'un autre ancien maire, René Barde, serait aussi en prospection de colistiers pour former une liste. L'intéressé contacté a précisé que cette intention a bien été dans ses desseins, avec, cependant, le bémol de ne point conduire ce collectif. Son idée aurait été plutôt de le promouvoir. René Barde qui, pour ce faire, semble-t-il, aurait pressenti une personnalité dont il ne livre pas le nom n'aurait pas pu mener à bien ce projet et, pour l'heure, dit qu'il n'est plus d'actualité.

Autre catalyseur virtuel de liste, Christian Léothier. Il prend son temps pour annoncer qu'il ira ou renoncera. Aucune de ces personnalités ne se réclame de la majorité présidentielle mais on connaît les subtilités municipales où des gens classés, à tort ou à raison, dans la mouvance progressiste n'ont pas hésité à franchir le pas et, par exemple, à se fondre dans l'équipe de Claudine Le Barbier. Dans les terres méditerranéennes où j'ai connu, il y a un gros tiers de siècle, des assemblages de cet ordre les citoyens rigoureux de leurs idéaux lâchaient un décontenancé "Qué pastis!"

Christian Léothier qui avoue à mots couverts sa culture libérale, lui aussi, se dit prêt, s'il réussit à se déterminer, pour s'atteler à la recherche de l'écharpe tricolore, à composer avec des citoyennes et des citoyens des forces vives progressistes. Il ne cache pas qu'il a de sérieuses affinités avec des solfériniens qu'il aimerait bien associer à son équipe et, même, oserait ne point fermer la porte à ce qu'il appelle la gauche de la gauche.

Tout cela c'est très consensuel; au moins en apparence!

Les citoyens, ceux qui ne sont pas tout à fait nés de la dernière pluie, savent très bien que l'apolitisme, que 95 % des élus municipaux clament aussi fort, n'est qu'une superbe hypocrisie de façade car bien peu des maires répugnent au titre de délégué sénatorial, celui qui vote pour élire les sénateurs, et parmi ceux-ci on retrouve un nombre non négligeable de cumulards, théoriquement apolitiques, qui s'affichent ensuite dans des groupes au conseil général ou à l'assemblée nationale.

À six mois de l'échéance on ignore quel jeu joueront les solfériniens. Il se parlait, de bouche à oreille, d'une hypothèse Serge Orhand. Le maire sortant de Larzac qui ne désespère pas de gagner la présidence de la nouvelle communauté de communes préfère sans doute se limiter à sa modeste mairie que seul un séisme peut lui soustraire. Ces adeptes d'une hégémonie sans limite et sans partage, mises à part quelques infimes brisures de miettes distribuées à regret, avec une parcimonie  extrême, du haut d'un piédestal, vont-ils rester l'arme au pied. Vont-ils, une fois encore, servir d'adjuvants à un exécutif dont ils n'occuperaient pas la plus haute marche. Ce serait paradoxal de les voir se dérober dans une localité où depuis un bon bout de temps ils raflent la mise. La France solférinienne monocolore, hélas pour la pluralité démocratique, garderait-elle un surprenant kyste à contre nature sur les hauteurs de la Nauze; d'aucuns solfériniens optimistes diraient, sans doute, "rien n'est moins sûr".

 

Les absents probables. La gauche de transformation sociale écrasée par la puissance de la chape élyséenne, depuis 1981, s'est, hélas, totalement effondrée à Belvès. Elle n'a, sauf énorme surprise, aucun espoir de pouvoir jouer un rôle déterminant pour ces prochaines municipales belvésoises. Ses derniers lauriers remontent à la majorité relative, en 1979, de Georges Marchais aux européennes,  et les scores législatifs majoritaires de second tour obtenus par Lucien Dutard jusqu'en 1981,

A priori la mouvance haineuse des chantres de la xénophobie, qui bien entendu, est encore plus inquiétante, pour la démocratie, que le "monocolorisme solférinien", n'a aucune probabilité de participer, comme clé de voûte, dans une quelconque liste.  

 

Une tradition bousculée. Ce qui est certain c'est que dans le passé, dans ce bastion du radicalisme de notables, à l'exception de la Libération avec sa municipalité éphémère, la mairie était exclusivement réservée à l'élite bourgeoise. Cette passation de pouvoir ne pouvait se faire que "d'un mossur a un autre"; c'est-à-dire d'un monsieur, dans le sens d'une déférence servile, soumise et obséquieuse, à un autre. Paradoxalement ce rituel vacilla, en 1989, avec l'élection de René Barde qui n'était pas considéré comme étant du cercle élitiste de Belvès. Aujourd'hui, même si c'est peu probable, il n'est plus absolument indispensable, pour concourir au poste de premier magistrat du castrum, d'être reconnu dans le cercle mondain.

La mairie de Belvès était, aussi, l'apanage de la gent masculine et les dames devaient pour y figurer ne point empiéter sur la plus haute marche. Ainsi quand les femmes forçaient la porte du conseil municipal elles ne pouvaient, au mieux, prétendre qu'à la deuxième place. Yvette Murat et Denise Eutrope ont été les pionnières. Quand Claudine Le Barbier se saisit de l'écharpe, là, ce fut un petit séisme citoyen qui interpella.

 

Pour conclure les jeux ne sont point faits et, toujours a priori, Belvès qui est, sans doute, la seule commune du canton où la probabilité d'une élection "pluri-céphale" paraît possible risque, une fois encore, de renouer avec la liste unique et, partout ou seules les listes uniques entreront en scène, c'est la pauvreté d'une vie citoyenne atone et sans réactivité qui s'installera.

 

D'ici le 23 et, éventuellement, le 30 mars le chemin est encore un peu long et quelques priorités aux intersections mériteront cependant d'être regardées de près.         

 

Pierre Fabre



18/09/2013
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