Il faut donner du temps au temps
Les grands projets inspirent une vieille maxime de Miguel de Cervantès, empruntée à Don Quichotte, "Se dará tiempo al tiempo", formule francisée et prêtée au président Mitterrand : "Il faut laisser le temps au temps". Si François Mitterrand l’a bien prononcée, il ne faisait que citer un proverbe.
Dans un premier mouvement cet aphorisme appelle à la sagesse, dans une autre perception de la préhension de l'avenir il casse la dynamique d'une entreprise et fragilise l'allant tonique des projets.
Un peu partout il se parle de communes-nouvelles. Ce concept, pour le moins, peine à se "formater" pour des raisons diverses. Les trois premières sont l'attachement des habitants à leur commune historique, la fiscalité est suspectée, à tort ou à raison, d'être plus importante dans ces nouvelles configurations et la troisième, qui n'est pas la moindre, l'égocentrisme de certains élus qui, quoi qu'ils en disent, tiennent à leurs prérogatives et à leur écharpe comme à la prunelle de leurs yeux.
Un exemple cependant, cité dans la presse, semble bien parti. Boulazac, "puissante" commune de la banlieue de Périgueux, commune relativement récente puisqu'elle est issue du démembrement post-révolutionnaire de Périgueux, se réunira, si le schéma ne s'effondre pas, au basculement calendaire 2015/16, avec les vieilles entités d'Atur et de St Laurent-sur-Manoire. Mon ami Jacques Auzou, le moteur de cet assemblage, semble bien parti pour fédérer aux portes du chef lieu de département un pôle d'équilibre.
Mis à part cet exemple il semble bien que peu de schémas, pour l'heure, soient en passe d'aboutir pour ouvrir la toute proche nouvelle année.
Les élus, "conservateurs" des assemblées où ils siègent, ont-ils la fibre romantique de Lamartine pour tenter de sursoir à la fin d'équipées qui, à terme, signe des temps, vont être remaniées par l'actualité.
« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
"Le Lac" Lamartine.
« Regular polygon 37 » par User:Tomruen — Travail personnel. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Regular_polygon_37.svg#/media/File:Regular_polygon_37.svg
On s'acheminait, dans un premier temps, à constituer un triacontakaiheptagone, polygone à 37 côtés, (15+11 11) pour la commune-nouvelle qui pointe à l'horizon du nouvel an. Si l'on rajoute à cette figure le ou la secrétaire non élu(e) cela aurait composé un triacontakaioctagone autour de
En sortant de ces figures géométriques héritées de la Grèce antique, pays où germa la démocratie, à ceci près que cette civilisation tenait pour légitime et naturelle l'immonde pratique de l'esclavage, et où les dèmes antiques préfiguraient nos actuelles assemblées communales pensons à la particularité qui sera celle de la virtuelle commune-nouvelle de Belvès. Les trois premières communes qui devraient se réunir assemblent environ 1 750 habitants, dont environ 85 % seront issus de l'a commune pivot. Avec environ 250 habitants et 22 élus et plus de 59 % de sièges les Larzacois et Saint-Amandins auraient eu une surreprésentation jusqu'aux élections de 2020.
Voila c'était le schéma hautement probable qui semblait se dessiner, le 10 septembre, lors de la réunion de présentation du projet de commune-nouvelle, à St Amand-de-Belvès. La fusion triangulaire belvéso-larzaco-saint-amandine, quadrangulaire si l'on rajoutait la commune associée de Fongalop, semblait n'être soumise qu'à une validation de principe.
Le propre de notre société c'est de vouloir donner du temps au temps. Les élus larzacois, lors d'une réunion de travail, hier 7 octobre ont décidé de revoir la copie à une date ultérieure. Ce n'est pas un rejet pur et simple, ni une adhésion spontanée mais tout simplement une demande de réflexion avec, plus que probablement, un regard sur l'échéance de 2020.
Si aucune autre commune ne venait se greffer à l'assemblage belveso-larzaco-saint-amandin, pour le moment encore virtuel, le futur conseil municipal compterait 23 élus. Dans cette hypothèse l'icosikaitrigone, de 23 élus n'aurait plus aucun paramétrage d'obligation de recherche géographique pour constituer le conseil municipal. En relevant une hypothèse d'école, absurde certes, on pourrait imaginer un conseil municipal composé en totalité d'élus d'une des deux micro-communes. Seule la sagesse, des créateurs de listes et des électeurs, permettrait d'apporter une représentativité harmonieuse.
Le législateur a admis que les communes-nouvelles compteront l'effectif de la strate suopérieure à celle d'une commune traditionnelle soit, 23 pour Belvès, au lieu des 19 qui siègent dans une assemblée communale immanente à une équipe représentative d'une population légèrement supérieure à 1 500 habitants.
Pierre Fabre.
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