Nous sommes allés au Pont de Laveyrat.
Un pèlerinage laïque. Le 16 février, cette année, était frais mais supportable sur les bords de l'Auvezère, au niveau du Moulin de Lasveyras.
Plus de 500 personnes venues de Haute-Vienne, de Corrèze et de Dordogne ont effectué le pèlerinage laïque du devoir de mémoire pour ces martyrs assassinés par les hordes nazies.
Dominique Sardin.
Deux intervenants ont pris la parole Dominique Sardin, Président de l'amicale du bataillon Violette, et Francis Combis, le maire de Beyssenac. Ce dernier est longuement intervenu sur le passé douloureux de ce site.
Deux fillettes ont appelé, avec une diction parfaite, les noms des martyrs avec, en écho de l'assistance, "Mort pour
L'ombre d'un doute. Francis Combis -et c'est très important- est revenu sur le doute.
Sœur Philomène a-t-elle trahi par amour et par dépit ? C'est la thèse couramment admise. Est-elle d'une certitude absolue ? Nous ne le saurons probablement jamais. L'époque se prêtait merveilleusement à la lâcheté, à la félonie et aux dénonciations faciles.
Ce qui est, cependant, certain c'est que cette religieuse est allée au supplice de son exécution avec un courage hors du commun et une dignité impressionnante ce qui ébranla les partisans qui, pour une majorité d'entre eux, n'étaient point des suppôts avérés de la religion de Sœur Philomène.
Sœur Philomène s'est-elle égarée par amour ; c'est une hypothèse. La plus édifiante hypothèse ne neutralise jamais la plus modeste démonstration ! Et si Sœur Philomène n'était pas la responsable de ce massacre !
Robert Rougier, porte drapeau venu de St Amand-de-Belvès arrive sur le site.
Robert a pris place parmi la centaine de porte-drapeaux.
C'était un jour d'hiver.
Un alignement impeccable.
Là où il y a doute gardons nous d'affirmer !
Le Chant des partisans.
Les autorités.
Les belvésois y étaient.
Photos Pierre Fabre.
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Cérémonie du lundi 16 février 2015
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71ème anniversaire du Massacre du Pont Lasveyras
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Moulin de la Résistance – 19 230 BEYSSENAC
Monsieur le Sous-Préfet d’Ussel,
Monsieur le Sous-Préfet de Nontron,
Monsieur le Consul Général d’Allemagne,
Madame la Députée de la Dordogne,
Monsieur le Sénateur de la Corrèze,
Madame la Conseillère régionale, repr. M. le Président du Conseil Régional du Limousin,
Monsieur le Conseiller Général, repr. M. le Président du Conseil Général de la Corrèze,
Monsieur le Conseiller Général, repr. M. le Président du Conseil Général de la Dordogne,
Madame la Vice-Présidente du Conseil Général de la Haute-Vienne, repr. Dép-M de St Y,
Messieurs les Conseillers Généraux,
Messieurs les Présidents des communautés de communes,
Mesdames, Messieurs les Maires et leurs représentants,
Monsieur le Représentant de la Région de Moyenne Franconie,
Mesdames, Messieurs les Officiers et Sous-Officiers,
Mesdames, Messieurs les Présidents d’Associations d’Anciens Combattants,
Mesdames, Messieurs les Porte-Drapeaux,
Monsieur le Président de l’Amicale des Anciens Maquisards du Bataillon Violette,
Madame la Présidente de l’Amicale des Familles et Amis des Victimes,
Mesdames, Messieurs de la Délégation de Saintes,
Mesdames, Messieurs les représentants de la Brigade Rac,
Messieurs les Anciens Combattants et Résistants,
Mesdames, Messieurs,
C’est toujours impressionnant de voir cette foule qui n’oublie pas cette date, le 71ème
anniversaire du massacre du Pont Lasveyras.
Certains d’entre vous viennent ici pour la première fois mais la plupart connaissent déjà
pour y être présents chaque année.
Merci d’être fidèles à la mémoire de ces jeunes.
Merci aux personnalités de nos trois départements, parlementaires et élus, au Consul
général d’Allemagne, à la délégation de Moyenne Franconie à la Délégation de Saintes, où nous
étions le 4 septembre dernier et aussi à ceux d’entre vous, notamment les porte-drapeaux, qui,
depuis ce matin, ont assisté aux cérémonies à Saint-Yrieix, puis à Payzac et à La Chapelle de
Savignac-Lédrier.
Vous n’oubliez pas que le 16 février 1944, par un temps froid et neigeux, 34 jeunes ont été
sauvagement massacrés sur ce site, exactement là où vous êtes, entre le talus et la rivière
Auvézère.
Bien sûr, il ne ressemblait pas à ce que nous connaissons aujourd’hui suite aux
aménagements réalisés depuis 2009.
Quelques jours avant le 16 février 1944, une centaine de jeunes étaient passés dans ce camp
de l’Armée Secrète Dordogne Nord, des jeunes qui avaient rejoint la Résistance, des jeunes
réfractaires au Service du Travail Obligatoire en Allemagne (STO), des maquisards issus d’autres
groupes de Résistance tels que les Francs-Tireurs Partisans ou FTP.
Tous ces jeunes s’opposaient, bien sûr, à l’oppression nazie et au régime de Vichy.
Il n’est pas inutile de rappeler brièvement le récit de ce massacre tel qu’il figure dans le
document « de référence » édité par l’Amicale des anciens résistants du bataillon Violette.
Cela nous permet d’imaginer, même si c’est difficile, ce que ces jeunes ont subi ici.
Il faisait froid, ils n’avaient, bien sûr, que le minimum pour manger et pour se chauffer,
dormant dans le moulin et surtout à l’étage de l’habitation, qui servait aussi d’étable pour les
vaches en dessous, habitation qui a été démolie dans les années 60 mais que vous pouvez voir sur
une grande photo à l’entrée du moulin.
Une cinquantaine de jeunes étaient présents la veille du massacre.
Ces jeunes victimes étaient originaires du secteur, de la Dordogne (11), surtout du canton
de Lanouaille (13), quelques-uns du canton de Saint-Yrieix (6), deux de la Corrèze (2) et les
autres de plusieurs régions (17) de France.
Ce camp était isolé, discret et difficile d’accès. C’est pour ça qu’il avait été choisi car les
jeunes pensaient que c’était un lieu sûr.
Et pourtant !
Au matin du 16 février 44, un détachement allemand de 4 compagnies, en provenance de
Limoges, est arrivé sur les lieux et a rapidement encerclé ce site du moulin.
Scindé en trois groupes, les uns ont laissé leurs véhicules sur la route Payzac-Pompadour,
côté Corrèze, au niveau de Beyssenac et ils sont arrivés par le sentier situé derrière la stèle, l’autre
groupe par le côté Dordogne et le chemin venant du Pont Lasveyras, chemin que vous avez
emprunté pour venir aujourd’hui, le troisième groupe arrivant du Moulin des Deux-Eaux, côté
Haute-Vienne, et en longeant la rivière rive droite. Arrivés, donc, par les routes et chemins de nos
3 départements qui se rejoignent ici.
Au lever du jour, les jeunes résistants ont été réveillés par des rafales de fusils-mitrailleurs
et, peu armés, après s’être défendus pendant quelques heures, ils ont dû se rendre.
Nous sommes en fin de matinée et, à ce moment-là, plusieurs jeunes avaient déjà été tués
ou blessés dans l’attaque. Les blessés furent alors achevés froidement.
Les autres ont dû se ranger en trois colonnes, ici même, entre la colline et la rivière.
Les jeunes de l’une des colonnes ont été obligés de porter les armes et les caisses de
munitions vers les camions stationnés sur la route, camions qui ont rejoint Limoges, puis
Compiègne et les camps de déportation en Autriche, camions, emmenant donc une douzaine de
ces jeunes vers les camps de déportés.
Les jeunes des deux autres colonnes ont été abattus ici-même.
En tout, 34 cadavres ont été dénombrés dans les bâtiments et sur ce site.
Pourquoi cette attaque ici, pourquoi contre ces jeunes ?
Il y a plusieurs hypothèses. Bien sûr, des trahisons, notamment par deux jeunes qui avaient
infiltré le maquis quelques jours avant le massacre et qui avaient quitté le camp la veille. On parle
aussi du propriétaire du moulin et également, troisième hypothèse, d’un lien avec l’histoire de
Soeur Philomène.
Mais, aujourd’hui, nous ne cherchons pas à privilégier l’une ou l’autre de ces hypothèses.
Nous souhaitons seulement, fermement et solennellement perpétuer la mémoire de ces jeunes.
Pourquoi y a-t-il autant de monde aujourd’hui ? Parce que cette tragédie a marqué et choqué les familles et les habitants de tout ce secteur Dordogne Nord, Corrèze et Haute-Vienne où ces jeunes habitaient. C’était effectivement des jeunes, des civils, pas des militaires, âgés de 18 à 24 ans. La population les connaissait ou en connaissait au moins un, un fils, un frère, un voisin, un ami, …….. donc des jeunes du secteur et ce drame a marqué toute la population.
Parmi les 49 jeunes résistants présents lors de ce massacre, il faut citer aussi les 7 jeunes qui ont survécu à la déportation : Honoré Birolet (2009), Alexandre Bossavit (2011), Roger Delon (1989), Pierre Marchat (1973), Robert Maury (1958), Léon Promit (2006) et Jean Rémy (1986). Ces sept jeunes revenus des camps de déportation sont donc tous décédés aujourd’hui.
N’oublions pas, également, les trois rescapés du massacre : Audor ou Parigot, dont on n’a aucune information, Roger Joubertie (décédé en 1984), tous deux se sont « cachés dans la rivière » et André Cubertafon, qui a été laissé pour mort et qui a pu être sauvé.
André Cubertafon est décédé à 90 ans, en mars dernier (2014).
C’est donc la 1ère cérémonie qui se déroule depuis le décès du dernier survivant du massacre, l’an dernier ; le dernier déporté décédé, Alexandre Bossavit, étant décédé en 2011.
Effectivement, ces jeunes étaient âgés de 18 à 24 ans et ils auraient plus de 90 ans aujourd’hui. Nous pensons à eux.
Pont Lasveyras : ce nom sonne à l’oreille de chacun, dans la région, comme un drame affreux.
Dans les années à venir, nous devons être toujours nombreux pour le commémorer et inciter les jeunes générations à venir à cette commémoration, tout comme les deux jeunes filles, Gaëlle et Perrine qui ont procédé à l’appel des noms des 34 jeunes tués sur ce site et des 5 morts en déportation. Nous devons inciter les écoles et les collèges à venir ici.
C’est pour ne pas oublier qu’il y a 10 ans, les élus des trois départements ont souhaité créer ce site de mémoire, site dit du Moulin de la Résistance du Pont Lasveyras. Le Pont Lasveyras est le pont moyenâgeux, classé monument historique, situé à 1 km en aval sur la rivière Auvézère.
Notre but est de garder en mémoire ce qui s’est passé ici le 16 février 1944 et de faire en sorte que les jeunes générations sachent et se souviennent.
Nous devons tous perpétuer ce devoir de mémoire, pour la paix et la liberté dans un esprit de fraternité et de tolérance.
70 ans après, nous ne saurons pas pourquoi ce massacre, mais là n’est pas l’essentiel !
L’essentiel, c’est le devoir de mémoire, le plus important à nos yeux aujourd’hui, pour ne pas que cela se reproduise, pour que les jeunes sachent.
Je parle ici au nom du Moulin de la Résistance, c’est-à-dire les élus des trois départements, toutes tendances politiques confondues, élus qui ont oeuvré pour ce site de mémoire, en accord avec l’Amicale des Anciens Maquisards, Résistants et Amis du bataillon Violette et avec l’Amicale des Familles et Amis des Victimes.
Je salue la présence de quelques anciens du bataillon Violette toujours fidèles (et la mémoire de Paul Puyraveau qui est souvent intervenu à ce micro lors des cérémonies).
Depuis l’an dernier, une délégation allemande est présente à cette cérémonie, conduite par le Consul Général d’Allemagne à Bordeaux. C’est à souligner. Depuis plus de 50 ans, les rapprochements et l’amitié franco-allemande permettent votre présence et c’est un symbole important de vous voir ici.
On n’oublie pas mais nous allons tous dans le même sens, celui de la paix.
Le Chemin de la Mémoire que vous pourrez visiter et le livret édité à 5000 exemplaires vont aider les jeunes générations à connaître ce site et son histoire et permettre de mieux appréhender la résistance en France et en Dordogne et l’histoire du 16 février 1944.
Sur 10 panneaux, vous lirez des éléments sur la Résistance en France, De Gaulle, Moulin, Michelet, Guingouin, les maquis de Dordogne, le maquis de Sarlande, le maquis de Payzac-Savignac, le massacre du 16 février, bien sûr,.….. et par la suite, La France libérée ……
Jusqu’en 2008, il n’y avait ici que la cérémonie annuelle du 16 février, et rien d’autre ! Le moulin était privé et l’on n’avait aucune autre information que cette stèle ! Depuis 2009 que nous avons ouvert le moulin au public les week-ends en été (où est présentée l’exposition relative aux 49 victimes), nous estimons que 5000 visiteurs passent ici durant l’été.
Je rappelle que le Moulin de la Résistance regroupe les communautés de communes de Pompadour, de Lanouaille et de Saint-Yrieix, un cas rare, peut-être unique, de coopération entre les élus de trois départements et de deux régions puisque nous sommes ici sur la commune de Beyssenac (Corrèze) ; de l’autre côté de la rivière et le chemin par lequel vous êtes arrivés et au Pont Lasveyras, c’est la Dordogne, Payzac et Savignac-Lédrier pas très loin ; et en amont de la rivière, la Haute-Vienne avec Glandon et Saint-Yrieix la Perche ; donc 2 régions qui n’en feront qu’une l’an prochain.
En ce début d’année 2015 où la liberté de parole, la liberté de la presse et la démocratie ont été atteintes en France par des attentats horribles, n’oublions pas l’essentiel, quelles que soient nos origines géographiques ou sociales et nos sensibilités politiques ou religieuses, toutes respectables, l’essentiel, c’est de préserver la liberté que nous devons à nos ancêtres parmi lesquelles figurent ces pauvres victimes du massacre du Pont Lasveyras, liberté que nous devons aussi préserver pour nos enfants. Ne l’oublions pas !
Merci à tous pour votre présence.
Merci à la chorale de Saint-Yrieix qui va conclure cette cérémonie.
Merci aux porte-drapeaux, toujours très nombreux et fidèles à ce souvenir.
Merci au syndicat des transports scolaires du canton de Lanouaille qui a mis une navette à votre disposition depuis le parking et à M. Botter, propriétaire du pré servant de parking.
N’oublions pas le Pont Lasveyras.
N’oublions pas le drame du 16 février 1944.
Francis COMBY
Président du Moulin de la Résistance
Maire de Beyssenac
Conseiller Régional du Limousin
Président de la Communauté de communes du Pays de Pompadour
16 février 2015
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