Val de Nauze

Pourquoi nommer les rues de Fongauffier !

 

Lors du repas du Comité des fêtes, le 2 juin, le projet de dénominations des rues a été présenté et les habitants étaient appelés à faire remonter leurs remarques et observations avant validation. Cette dernière était pratiquement prise et le projet, somme toute très cohérent, fut entériné dans sa forme initiale.

 

Pourquoi donner un nom à de si petites rues dans un village aussi modeste. Il faut bien admettre que les gens, même dans la ruralité profonde, ne se connaissent plus. En nommant les rues on facilite les recherches de prestataires, de livreurs, de facteurs intérimaires... ou, plus important encore, de personnes appelées en urgence, SAMU, médecins, infirmier(e)s, pompiers, ambulanciers, voire gendarmes, qui ne sont pas forcément basés à Belvès ou qui connaissent imparfaitement.

 

 

 

Cette rue sera la "rue de la source". Elle fut la principale du village jusqu'à ce que l'ancienne route départementale n° 11, devenue R.N n° 710, puis départementalisée en 1973, dite route de Cahors, elle épouse, approximativement, le tracé de l'itinéraire de la voie romaine de Vésone à Cadurca, prenne la place dominante surtout lors des constructions nouvelles concomitantes à la création du chemin de fer. 

En 1960, lors du creusement de la tranchée d'adduction d'eau potable, les ouvriers ont découvert qu'ils "profanaient", bien involontairement , un cimetière oublié. Les traces d'un corps d'enfant ont alors ému ces terrassiers qui ont été invités à taire leur exhumation embarrassée pour ne pas stopper le chantier. On notera que près d'un siècle auparavant, pour tracer l'assiette de l'actuelle R.D 53, entre le rond-point et le pont de la République, une mésaventure similaire interpella les ouvriers en charge de ce chantier. 

Christian Bouyssou a proposé, avec succès,  pour cette vieille rue le nom de "rue de la Source". Ce faisant la rue de la source écarta l'autre idée qui était "rue des cannelles"

 

Toujours fouineur, vétilleux, chipoteur à l'envi j'ai tenté, sans succès, pour la dénomination des rues, venelles et espaces, d'apporter quelques idées et précisions aux élus municipaux.

 

Cliquez sur le plan

 


 

Pour la rue qui passe devant la fontaine, à mon humble sens, il m'aurait paru plus judicieux de lui donner le nom de rue des eaux vives ce qui serait l'assemblage de  la fontaine et dela Nauze. 

Je regrette un peu que la Nauze n'ait que ce lien, certes fédérateur, de rue du Val de Nauze. Je l'aurais bien imaginée allant de la R.D 710 à l'espace, dit du communal, plutôt que rue du lavoir, épithète, fort juste au demeurantmais plus générale. Pour le lavoir il mérite d'être pérennisé dans les repères visuels et les mémoires orales par une rue, ruelle ou venelle et, toujours à mon humble sens, le reliant à la fontaine. L'historicité des abbessesgrâce à leur pont, pièce patrimoniale maîtresse de ce vieux bourg rappelle sept siècles de présence religieuse tant séculaire que spirituelle. On pourrait imaginer de situer la fontaine, à son piédroit, par placette de la fontaine, recouvrant le micro espace sud où l'on y  accède et l'autre, tout aussi modeste, mais ô combien apprécié pour la découverte de la source par les touristes et les visiteurs, entre l'immeuble Zapella et le mur de la source.

 

Je ne voudrais pas, campant sur un agnosticisme laïciste républicain et irréductible, fustiger l'aptonyme d'une référence abbatiale dûment désignée ; ce serait grotesque intolérant et  créateur d'impasse sur l'histoire, au même titre que si l'on contestait l'intitulé de la rue parisienne de l'abbé Grégoire ou la rue du Curé d'Ars à Ars-en-Dombes.  Les abbesses de Fongauffier ont certainement marqué la vie locale, dames, souveraines temporelles et spirituelles de ces lieux, ont, probablement, usé de quelques privilèges mais plus de deux siècles après la grande Révolution songeons à la note d'humanisme  qu'elles ont laissée en éduquant de nombreux enfants abandonnés par les vicissitudes des temps à leur porte. À titre personnel j'aurais, cependant, préféré "Ancien espace abbatial" sans associer formellement le nom .

 

Pour les prévisions futures une voie Joséphine Baker, R.D n° 53, serait judicieuse. Elle rappellerait que l'artiste l'a souvent empruntée ; ainsi que ses enfants adoptifs qui ont été scolarisés à Belvès. Cette dénomination pourrait, par ailleurs, être partagée par toutes les communes traversées par la R.D n° 53 de Castelnaud à Belvès, voire à Biron, en hommage à l'artiste, à la résistante, à l'antiraciste et à l'humaniste d'exception que fut Joséphine Baker.

 

Nommer l'espace vert proche du mégalithe de la Résistance "Jardinet de la résistance"semble quasi incontournable.

  

Pour l'artère bi-communale R.D 710 trois hypothèses pourraient être cohérentes. ; Jean-Baptiste Lafon de Fongauffier*, plus hyperonyme "route de la Dordogne", ou enfin "route de l'Occitanie". Notons que jusqu'au début du siècle précédent l'occitan était -et de loin- la langue dominante dans le village. Il a fallu arriver à la Guerre de 14 pour que le français commence à poindre. Le rond-point, lui, serait parfaitement dénommé "rond-point de la Résistance".

 

Quoi qu'il en soit, et c'est une évidence, c'est aux élus, souverains du choix, que revient la décision d'apprécier, de repousser ou de valider, parmi les propositions plurielles, celles  qui peuvent être recevables, fantaisistes ou inappropriées.

Ils ont tablé essentiellement sur la thématique de l'eau, eau source de vie et lien fondamental du village de Fongauffier, Qu'il soit permis de saluer cette démarche qui, au moins en grande partie, écarte les contestations de choix, toujours discutable, de personnes… aussi méritantes, charismatiques et  estimables qu'elles eussent été.

 

Il convient de reconnaître qu'il y a eu un travail chevillé de recherche de l'appareil municipal qui mérite d'être souligné même si la multitude des idées citoyennes, idées plus ou moins crédibles, peut autoriser le cheminement d'autres idées.

 

Pierre Fabre

L'infernal "cynorrhodon" local.

 

  

* Né le 21 août 1822 à Sagelat (Dordogne), après une carrière partie de la base dans la marine royale puis impériale, Jean-Baptiste Lafon de Fongauffier est député du Sénégal à l'Assemblée française en 1871. Officier de marine, il bat facilement les multiples candidats locaux, marchands ou mulâtres, et siège aux côtés de Léon Gambetta. Il obtient la création des communes du Sénégal, mais échoue à recréer un conseil général et s'étant fait repéré comme opposant, provoque sans doute la disparition en 1876 du siège de député. Devenu receveur des postes à Paris et conseiller général de Belvès en Dordogne, il meurt le 14 décembre 1893.

Jean-Baptiste Lafon, sagelacois par sa naissance et par… sa sépulture, serait un excellent lien avec Monplaisant. La famille Lafon possédait son "hôtel particulier" à Fongauffier, l'actuel  immeuble communal jouxtant le rond-point, mais aussi la maison monplaisanaise, à encorbellement, lui faisant face,  des consorts Naït-Ali.

  



24/06/2013
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