Val de Nauze

Quelques précisions sur le "sòl" et sur le "sol".

Notre ami le majoral Jean-Claude Dugros, lecteur assidu de ce blog, nous fait l'honneur, après l'article sur les battages à l'ancienne à Carvès, d'apporter ses utiles précisions d'occitaniste.

 

Qu'il en soit remercié.

 

P.F

 

 


 

 

 

Quelques précisions

sur le "sòl" et sur le "sol".

 

par

 

le majoral Jean-Claude Dugros.

 

 

En occitan le mot sòl a une signification différente du même mot français "sol".

Sòl, sòu en nord-occitan (prononcé /sow/), sòla (pron. /solo/), issus du latin solum (surface servant de support, aire, terrain cultivé ou non) signifie "plateforme, espace dégagé, replat, aire à battre". On dit aussiaira (prononcé /eyro/), airal (pron. /eyral/), ièra (pron./ièro/), mots que l'on retrouve dans de nombreux toponymes.

On trouve l'occitan sòl dans de nombreux lieux-dits et notamment dans "le sol de la dîme", (lo sòl de la dima en occ., prononcé /lou sol dé la dimo/,) endroit où étaient rassemblés les produits dûs au clergé.

Il en subsiste encore trois : "Le sol de la dîme" (81) et deux "Sol de la dîme" (46), vestiges de l'Ancien Régime.

On traduit rarement le mot français "sol" par son équivalent occitan sòl. On lui préfère le mot tèrra (pron. /tèrro/). On traduira "sur le sol" par"per tèrra"  (prononc. /pèr tèrro/), "tomber au sol" : tombar per tèrra (pron. /toumba pèr tèrro/), etc.

On trouve dans Contribution à l'étude du Glossaire Périgourdin, de Gaston Guillaumie (Paris, 1927), p. 131, la description de la préparation de l'aire pour le battage au fléau (encore en vigueur au XXème siècle) :

"On épand sur le sol de la bouse de vache, opération qui s'appelleembosar (pron. /inbouza/), d'où l'embosadís, nom de cet enduit. Unesolada [pron. /soulado/] est la quantité de blé qu'on peut étendre dans l'aire pour le battage.

On commence par battre un peu la gerbe avant de la délier. Cette opération s'appelle espissolar [pron. /espissoula/].

 

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L'espace ci-dessus, superbement décoré, est le sòl de l'ancienne métairie du Maillac ;celle-ci a perdu sa finalité agricole et il y a près d'un siècle que les métayers n'y battent plus le blé au fléau. Les documents cadastraux, en général, désignent ces bien petites parcelles ; sol. Dans nos anciennes fermes il y avait, comme dans toute la société, une forme de "hiérarchie". Les cours de ferme des anciennes petites métairies ou des plus modestes exploitations n'avaient, naturellement, pas le même aspect que celles des fermes cossues. Chez les plus humbles les bâtiments ne prenaient que la place minimum et, si possible, celle qui ne réduisait pas la capacité de production. On se calait le plus près possible du chemin. La cour et la basse-cour étaient le même espace ; la volaille, d'ailleurs, souvent, s'autorisait à venir picorer à l'intérieur de la cuisine et n'était chassée qu'après avoir pris les ultimes reliefs des repas. 

 

Chez les paysans aisés la cour était différente de la basse cour et chez les plus riches qui avaient du personnel, on disait des "domestiques", parfois sans penser à la connotation péjorative, on s'autorisait volontiers des parterres floraux, des jardinets d'agrément et des arbres décoratifs ce qui, bien sûr, n'était pas la règle chez les plus modestes même si, parfois, certains maniaient superbement l'esthétique. La cour de ferme, souvent décorée d'un puits finement couvert, symbolisait, par sa forme, la puissance du maître de céans... la personnalité et la délicatesse de son épouse. 

 

P.F

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Puis on la délie (on l'appelle, quand elle est déliée, un cusson (pron. /cussou/). Délier la gerbe, c'est escampar (pron. /èscampa/) ou desbossiar (pron. /dèsboussia/) la gèrba, et l'étendre, c'est soladar (pron. /soulada/) ou ensolar (pron. /insoula/). La première couche de tiges de blé étendue s'appelle la solina (pron. /la soulino/), et la première rangée de javelles posée à l'envers est lo còu (pron. /lou cow/) ; levar solada (pron. /leva soulado/), c'est enlever les gerbes : escodre (pron. /escoudré/), c'est battre. Le battage proprement dit : l'escodage (pron. /l'èscoudatgé/ ou l'escoda (pron. /l'escoudo/). Les rouleaux de paille qu'on enlève ensuite sont los ròulons (pron. /lous rowlous/."

Vient ensuite la description des diverses parties du flagèl, (pron. /flagèl/), "le fléau".

Comme on le voit, le vocabulaire occitan était très riche, on trouve tous ces mots dans les dictionnaires occitan-français, et notamment dans Lou Tresor dóu Felibrige de Frédéric Mistral, sans compter les proverbes et dictons liés aux moissons et les chansons, les poèmes, les contes…

 

 

 

Photos Pierre Fabre. 



20/07/2012
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