Val de Nauze

Un chemin rural sur la voie de la renaissance.

MONPLAISANT

 

 

Description de l'image  Pierre-Joseph Proudhon.jpg.

 

Tout le monde connaît le superbe raccourci, "La propriété… c'est le vol", imputé à Pierre-Joseph Proudhon pour qualifier la possession.

 

Cet idéaliste, chantre du mutualisme, qui, de nos jours, ne ferait certainement pas recette au club B.C.B.G et mondain de nos gouvernants, n'est pratiquement plus connu que pour sa formule, pierre angulaire de son mémoire, "Qu'est ce que la propriété".

 

L'intérêt général ; que c'est "ringard" de nos jours ! Nos chemins ruraux, legs ancestraux de nos aînés, souvent, bien souvent, trop souvent sont malmenés par leurs riverains qui considèrent que le seul fait de les voir s'inscrire dans les limites de leurs propriétés leur ouvre des droits d'accaparation dépouillant, ainsi, l'intérêt général, celui des manants, des gueux, des va-nu-pieds, [a-t-on besoin de se soucier de la "piétaille"], au bénéfice du plus raffiné et "juste" de tous les intérêts l'intérêt particulier ; celui de l'élite et des puissants.

 

 

L'obsolescence, même de très longue durée, d'un patrimoine ne constitue pas, en soi, un transfert de propriété vers le, ou les, riverain(s). Elle n'autorise pas davantage de labours et l'implantation de clôtures, pour parquer le bétail, en faisant fi des chemins ruraux. La mise en place de poignées amovibles, procédure hypocrite de permissivité, n'est pas plus admissible. Les  promeneurs, usagers, prestataires, riverains sont tous chez eux, à égalité de droits et de devoirs, et personne ne peut s'autoriser la latitude de leur laisser entendre qu'il y a une disposition "fermière" d'exploitation de qui que ce soit et que les promeneurs sont "tolérés" sur les chemins ruraux. Les chemins ruraux sont des biens privatifs, certes, mais dont les seuls propriétaires sont les collectivités communalesdont l'autorité échoit aux exécutifs municipaux ; non pas au bénéfice de certains mais à celui de tous.

 

Un héritage fragile et malmené. Pour aliéner les chemins ruraux il existe, hélas, des méthodes parfaitement légales et les élus, souvent, bien souvent, trop souvent, en ont usé que ce soit dans le Val de Nauze ou ailleurs. Ces procédures qui, dans une écrasante majorité des cas, pour ne pas dire dans tous les cas, sont des mesures discrètes visant à inféoder les faveurs électorales des "bénéficiaires", en général, cherchent à démontrer une forme d'obsolescence ou, à défaut, un besoin moindre dans l'immédiat. Tant pis pour les promeneurs qui, ainsi, perdent la possibilité de traverser paisiblement des champs, des landes, des bois ou d'atteindre le creuset d'une rivière.

Il ne faut pas oublier qu'un chemin rural qui, apparemment, a perdu toute sa fonctionnalité peut la retrouver au grè des évolutions de l'histoire. La ligne T.G.V qui, dans la Beauce, rejoint Paris, a recouvert une ligne abandonnée qui, fort heureusement, était là en jachère.

   

Le massacre des chemins ruraux est un chantier multi-décennal dont l'accentuation a pris une montée en puissance renforcée depuis une cinquantaine d'années. Si l'on consulte les documents cadastraux, presque à chaque fois que l'on voit dessinée une parcelle étroite et longue, on retrouve la base d'un chemin rural aliéné.

 

 

Rendez-vous dans un mois... 

 

Quelques exemples. Dans une commune relativement proche on ne peut plus ainsi parcourir le vénérable chemin rural qui bordait le Céou.  À Belvès le chemin rural qui passait sous le viaduc de Lagrange a été aliéné.

Le chemin rural, un des plus anciens, qui permettait à Sagelat de rejoindre l'église en suivant la R.D du Branchat a été cédé pour autoriser l'érection d'une demeure bourgeoise et l'on ne compte plus les mutilations successives qui ont suivi.

À Monplaisant l'héritage ancestral, ô miracle, était quasiment intact jusqu'en 1971 ; depuis c'est un démantèlement en règle qui a sévi des hauteurs de Tourneguil à Renardie en passant par le Moulin de Gamot.

 

 

La chaîne à l'entrée du chemin a disparu. Le portail rigide, huis bien clôs, lui, demeure ! 

 

Vers une renaissance délicate et laborieuse. Le conseil municipal de Monplaisant, de cette mandature, avait pris l'engagement de rétablir son réseau de chemins ruraux. Le chantier s'avère être bien difficile… J-Bernard Lalue, maire, et Bernard Grenier, conseiller municipal, n'ont pas hésité à mettre la main à la pâte et ont commencé à restaurer un chemin qui glisse des hauteurs de Fleurat vers La Rouquette.

La chose n'est pas évidente quand on est dans des parcelles boisées et que la nature, en souveraine absolue, a repris ses "droits". Pour retrouver l'assiette il faudrait requérir les géomètres et leurs travaux ont un coût.

 

Le chemin rural qui relie Le Bloy à Gasparou, depuis de nombreuses années, était obturé par une chaîne et,  plus grave encore, par un portail fermé à clé.

 

Le maire a pris la décision de mettre un terme à cette occupation irrégulière.

On ne peut que le féliciter de cette décision et regretter que cette méthodologie ne soit pas une constante valable partout où le patrimoine collectif est insidieusement malmené. 

 

   

 

Nous sommes, là, sur l'autre rive de la Nauze. Il est bien tentant de placer une chaîne sur un chemin rural ; surtout quand celui-ci, obturé par la végétation, n'est plus emprunté par les passants.

 

 

Photos Pierre Fabre. 




14/12/2012
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