Val de Nauze

Siorac; une mairie, a priori, parfaitement stabilisée.

 

 

 

Après Belvès, abordé le 19 septembre, attardons nous, un peu, sur la situation de Siorac pour les municipales.

 

Si à Belvès il y a une attente au niveau du nombre d'habitants, à retenir pour les municipales, cette inconnue pour Siorac apparaît bien moindre. Pour J-Pierre Riehl, le maire, il paraît certain que Siorac a atteint et allègrement dépassé le millier d'habitants. Si, par une subtilité de pondération de l'I.N.S.E.E, ce seuil n'était pas atteint cela ne changerait rien pour le nombre d'élus qui est de 15 de 500 à 1499 habitants. La seule incidence, fort improbable, serait le mode de scrutin qui demeurerait plurinominal. 

 

Selon toute vraisemblance Siorac devrait donc connaître pour la première fois le scrutin à listes bloquées avec, le cas échéant, si, par hasard, plusieurs listes réussissaient à se constituer une éventuelle entrée d'opposant(s). Pour ce faire il faudrait que la liste arrivant en seconde position obtienne, au minimum, 14,29 %, des suffrages pour obtenir un premier siège, autour de 22,5 % pour un second et environ 37,5% pour, un très hypothétique troisième. C'est la proportionnelle revue et corrigée non par les mathématiques mais par la gouvernance française!

 

 

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Il faudrait un séisme de très forte magnitude pour que l'équipe sortante de J-Pierre Riehl soit inquiétée.

 

A priori, sauf surprise, la liste conduite par J-Pierre Riehl ne devrait pas connaître d'opposition et, dans ce cas là, bien entendu, elle serait élue en totalité. Même en se grattant la tête on ne voit pas qui, à Siorac, serait en mesure de former et conduire une autre liste; surtout avec les paramètres incontournables de parité.

 

C'est là un des impératifs légaux d'un purisme vertueux dans le principe, d'imposer des dépenses coûteuses et parfaitement inutiles, en devant organiser des élections dont, à l'avance, on sait qu'il apparaît totalement impossible qu'il y ait la moindre nuance dans les résultats. Pour bloquer le système il faudrait qu'il n'y ait aucun suffrage exprimé, autant dire constater le tarissement des océans!

 

Les dernières consultations municipales à Siorac avaient vu une compétition, entre élus issus de la même équipe précédente, et le maire sortant s'est imposé sans difficulté avec la totalité de la liste qu'il conduisait. En 2001 c'était un peu différent mais le résultat fut également globalement en faveur des sortants.

  

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Siorac depuis la Libération a vu sept maires ceindre l'écharpe tricolore; trois sont décédés au cours de leur mandat. Rappelons qu'Antoine Martinet le maire de la Résistance de Siorac, père de Pierre Martinet, pendant la guerre, décéda en 1944, victime de tirs épars désordonnés de collaborateurs.  

 

Retour en arrière. Siorac qui aujourd'hui est bien enchâssé dans l'autoroute solférinienne n'a pas toujours été stable. Aux élections politiques le radicalisme des IIIème et IVème Républiques, le conservatisme et même la gauche la plus réactive, grâce à la Résistance, y ont, tour à tour, obtenu des scores importants.

Le Front Populaire, globalement bien accueilli en Périgord dans les milieux modestes, ne trouve pas un écho affirmé dans les appareils municipaux locaux. Ils demeurent, très souvent, maîtrisés par la bourgeoisie locale peu favorable à ces avancées sociales.

Les élections, qui avaient eu lieu en France lieu les 5 et 12 mai 1935, avaient donné à Siorac, sans affrontement, la victoire à Numa Lavelle, un ancien médecin militaire. Celui-ci conseiller général de Belvès s'était, néanmoins, vu défait de ses prérogatives départementales, en 1933, par un jeune notaire radical, Maurice Biraben, qui, après guerre, délogea la S.F.I.O de la mairie de Belvès en 1947. Siorac basculait, lentement mais progressivement, dans un républicanisme plus avancé. Le maire de la Résistance, Antoine Martinet, victime de tirs désordonnés de collaborateurs malmenés par la Résistance, le 8 juin 1944, ne survivra pas à cet épisode. Antoine Martinet, ironie du  sort, allait s'assurer que les partisans ne malmenassent point les collaborateurs captifs.

Amédée Boussat sera, dans la foulée, en 1944, promu maire de Siorac dès la Libération.  

Amédée Boussat, figure locale du radicalisme, ancien combattant de la Guerre de 14, ancien aviateur lors de ce douloureux conflit mondial, prend presque naturellement cette commune à Numa Lavelle, médecin taxé de maréchaliste par la gouailleuse et "insolente" plèbe républicaine sioracoise. Celui-ci depuis les derniers revirements de l'histoire était déjà bien en retrait.

 

 

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On remarque la graphie aléatoire du patronyme Boussat qui est devenue, pour Jean, son descendant, Boussac.

 

C'est donc à la Libération que le très populaire Amédée Boussac, figure locale du radicalisme, ancien combattant de la Guerre de 14, ancien aviateur lors de ce douloureux conflit mondial, prend cette commune. 

Amédée Boussat ne sera pratiquement pas contesté pendant ses cinq mandatures, tout au plus les communistes, campant, à Siorac, sur une très forte majorité relative, à la Libération, auraient bien aimé voir l'un des leurs, Éloi Dayguesperse, ceindre l'écharpe de maire. Éloi Daygueperse, connu sous le nom du Caïfa, la marque de café que distribuait ce sympathique épicier, souffrait de deux terribles handicaps rédhibitoires. Primo il n'était pas de là; pensez il venait de loin, des Eyzies. C'était un gros inconvénient, surtout en face d'un authentique sioracois, par ailleurs très populaire. Secundo, il était communiste. Face à une coalition virtuelle allant à de la S.F.I.O, ancêtre du P.S, aux maréchalistes, recyclés ou non, la majorité locale relative du P.C, aussi importante qu'elle fut, aurait probablement échoué. Éloi Daygueperse se contenta donc d'un simple siège de conseiller municipal.

 

Il faudra attendre 1977 pour connaître des résultats serrés aux municipales à Siorac quand la commune bascula de Georges Scholly, successeur de Pierre Martinet, décédé en 1976, lui même relayeur d'Amédée Boussac, à Jacques Lafon avec un siège d'écart. À l'époque l'équipe qui prit la mairie était considérée de droite. Sa mainmise sur Siorac ne dura qu'un mandat et Janine Conty reprit la commune en 1983, toujours avec un seul siège d'écart, mais sur un équilibre inversé. La droite revint, à nouveau, en 1989, avec le retour de Jacques Lafon. Seul opposant Gilbert-Marcel Rougier, proche de la gauche, prit place au conseil municipal. Cette mandature fut laborieuse et douloureuse car le maire décéda.

  

Il fut relayé par un autre divers droite, Gilbert-Denis Rougier, qui décéda à son tour à quelques mois de la fin de son mandat. Son décès entraîna une élection qui introduisit deux têtes nouvelles. Un des adjoints de l'équipe de Gilbert-Denis Rougier, J-Pierre Riehl, qui ne s'était pas encore stabilisé dans sa famille politique actuelle, fut élu maire sans vraiment décliner d'étiquette. Les élections générales de 1995 le reconduisent. L'émergence d'un mouvement de citoyens entraîné par J-Pierre Chevènement, en 1997, le séduit. Dans la foulée, par honnêteté, honorant des accords circonstanciels locaux et ponctuels M.D.C/PC, J-P Riehl soutint Jacques Auzou, le maire P.C de Boulazac, aux législatives. Jacques Auzou échoua cependant, de peu, et son revers fut, au moins en partie, lié à l'accident de circulation de son suppléant, Maurice Léonard, alors maire de Cazoulès et conseiller général de Carlux, qui ne put participer à la campagne. J-Pierre Riehl quittera néanmoins le M.D.C, pour rejoindre, à la charnière de nos siècles, le P.S.

 

On notera qu'à Siorac, lors d'une présidentielle localement serrée, un président, que la petite histoire associe à une affaire de diamants, et son challenger, le récipiendaire n° 2202 de l'Ordre de la Francisque de Pétain, obtinrent des scores très proches.   



25/09/2013
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