Val de Nauze

Un 14 juillet bien républicain.



 

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

Cette année la météo nous joue des tours ; elle a attendu février pour les grands froids, elle nous a donné un mois de mars avec une sècheresse terrible et un ensoleillement exceptionnel, une gelée unique et dévastatrice en avril, un début d'été bien frisquet et plus que variable et, cerise sur le gâteau, un 14 juillet frais et arrosé.

 

Pour éviter les désagréments des fantaisies de Dame Nature la manifestation sioracoise de la Fête nationale a été déportée du foirail à la salle des fêtes.

 

Près de trois cents personnes sioracoises, invitées et touristes se sont rendus à cette festivité  dont les premiers moments étaient animés par Ralf Reuther, un brillant saxophoniste suisse-allemand, qui enseigne la musique à St Cyprien.

     

 Cliquez sur les images.

 

 

Près de 300 personnes sont venues à la salle des fêtes.

 

 

 Pour les jeunes et les moins jeunes la Fête nationale compte.

 

 

 

Le temps fort de cette fête fut l'intervention de Jean-Pierre Riehl, maire de Siorac, qui avant de rouvrir une belle page de l'histoire fit le point sur les travaux du village et lista les manifestations estivales, brocantes, fêtes du pont, foire aux vins.

 

Il poursuivit son allocution avec un exposé historique soulignant le rappel du basculement après la prise de la Bastille suivie, un an après par la Fête de la Fédération. Il évoqua des personnages bien différents, parfois troublants, souvent controversés, de Louis XVI, de Talleyrand, de Lafayette et de Jean-Baptiste Belley.

 

Les pivots de la dissertation de Jean-Pierre Riehl, en partant des déclarations successives des Droits de l'homme et du citoyen, furent manifestement les trois clés de notre fort belle devise républicaine ; liberté, égalité et fraternité.

La liberté dont les bornes ne peuvent être déterminées que par la loi appuyée par la maxime "Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait"

L'égalité qui place tous les citoyens semblables devant la loi ne reconnaît aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs. Jean-Pierre Riehl s'autorisa une affirmation de Robespierre pour qui l'amour de la patrie et de la République ne tolère pas l'extrême disproportion des richesses et il demandait donc, au nom d'un principe bien cohérent que l'héritage soit aboli.

La fraternité enfin exclut toute xénophobie et fédère tous les citoyens qui doivent vivre ensemble dans le respect de leurs différences.

 

Jean-Pierre Riehl dont les chromosomes mêlent ses gènes strasbourgeoises et rampieusoises se plut à rappeler –et c'est bien dans le droit fil de la fête nationale, fête commune à toutes nos provinces- qu'il a des racines diverses qui ont placé ses deux grands-pères face à face à Verdun, une page bien douloureuse pour tant de citoyens. Notons qu'un grand nombre fut, par la suite, enrôlé de force dans les rangs du Reich arrivé, hélas, par un effrayant résultat électoral.

 

Jean-Pierre Riehl appela à la vigilance "Attention les vieux démons sont seulement endormis mais ne sont pas morts".

 

Il termina par "Nous avons une merveilleuse République, Une, indivisible et Laïque avec une devise extraordinaire, sachons faire vivre la Liberté, l'Égalité et la Fraternité et la France continuera à briller dans le monde."     

 

 

 

 

 

Pendant la Marseillaise.

 

 

 

Puisque la météo atermoyait il fallait bien se replier à la salle des fêtes.

 

 

 

Le 14 juillet, fête française et républicaine s'il en est, n'empêcha point Sue, une artiste britannique, de chanter une belle chanson d'amour dans la langue de Shakespeare.

 

 

 

Le premier magistrat fit quelques pas de danse grâce à l'orchestre improvisé qui n'avait qu'un musicien doté d'un harmonica. 

 

Photos Pierre Fabre.

 


Le 14 juillet, notre fête républicaine.


La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir." Pierre Mendès-France. 

 

Invité à ce 14 juillet par le maire se Siorac, que je remercie chaleureusement, je voudrais cependant dire que je suis très loin de partager son optimisme.

Nous avons, certes, la chance de vivre dans un des plus merveilleux pays du monde, voire le plus proche de ce que l'on peut appeler la démocratie.

Profondément attaché à l'idéal républicain et admirateur de la grande Révolution française, portée non par des humbles citoyens mais plutôt par une élite bourgeoise, souvent nobiliaire, je désapprouve, cependant et totalement ses excès sanguinaires et ses outrages patrimoniaux comme les saccages irraisonnés et stupides voulus par des fanatiques comme Lakanal ; brillant mathématicien par ailleurs.

L'idéal révolutionnaire est -et devrait- demeurer une constante incontournable pour gagner et pérenniser les clés de voûte d'une société laïque et républicaine que sont la liberté, souvent malmenée directement, plus souvent indirectement, l'égalité qui, pour l'heure, hélas, n'est encore qu'une belle utopie et enfin la fraternité qui, elle, subit de plein fouet les affres de l'inconscience de l'égoïsme et de l'intolérance.

Notre République, certes, est empreinte du sceau de la légitimité du suffrage universel mais, hélas, ne donne pas à tous les citoyens la même place proportionnelle dans les instances représentatives de l'état. Le suffrage universel, pillé par le système présidentiel qui restaure une forme de monarchie, lamine tout ce qui n'est pas ascendant. Trop de citoyens choqués par l'indifférence de l'appareil de l'état n'entendent plus participer aux consultations qu'ils jugent, à tort ou à raison, tronquées ou en dérive. Le seul système pleinement républicain qui voudrait, comme l'auraient voulu certains idéalistes de la grande Révolution, pour élaborer une République citoyenne, de jouir, dans une vie, d'un seul mandat, par ailleurs non renouvelable, n'est non seulement plus du tout d'actualité mais, pis encore, est farouchement combattu, avec un argumentaire hautement fallacieux, par des élus avides de cumuler pour étayer leur carrière et aussi, souvent, pour satisfaire leurs désir de puissance. On s'achemine vers une validation pure et simple du cumul.

La laïcité de l'état* elle ne sera réelle et parfaite que lorsque le chef de l'état devra, par respect pour la pluralité, ne point donner de reconnaissance, même tacite, à une religion en occupant, officiellement, la première place dans un édifice cultuel ou lorsque le Concordat, dans les anciennes terres germaniques, aura été abrogé par la résultante légale.

 

Oui la République est un "patrimoine" structurel ; inviolable d'après notre constitution**. Elle est certainement, aussi, un système menacé en permanence. N'oublions pas que la Grèce a "inventé" la démocratie et regardons par quelles voies  elle est passée.

 

 

La République a besoin de toutes les forces vives et chaque fois que l'on privilégie l'élite ou que l'on laisse, sans assistance, sur le bord de la route le plus humble de ses enfants c'est notre République qui se saborde !

 

Pierre Fabre.

 

 

 

* Le 8 mars 1882, à la cour d'assises de l'Oise, un juré ne voulut pas jurer devant Dieu.  Le président l'autorisa à prêter serment devant les hommes

 

** Constitution du 4 octobre 1958 en vigueur, Titre XVI -  LA RÉVISION

 ARTICLE 89.


La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.


 

 

 


 



15/07/2012
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