Vacances… appellation contrôlée.
Depuis des lustres les enfants ont droit aux vacances. La société dans laquelle nous vivons ne doit pas nous faire oublier que dans le monde, hélas, une majorité d'enfants ne sait pas ce que vacance veut dire. Pensons –et c'est terrible- à ces enfants qui, dans le Tiers monde, doivent travailler dès leur plus jeune âge et c'est, certainement, bien plus terrible que le rôle auxiliaire qui incombait aux petits paysans de notre ruralité profonde au siècle précédent.
En ce vingt et unième siècle, où des monuments de l'érudition réinventent l'eau chaude, "on" se prend la tête pour renommer les vacances. Cocasse, "original", singulier… les épithètes manquent pour lister les qualificatifs ironiques et caustiques de ce besoin qu'ont les décideurs de renommer des termes qui sont gravés dans le marbre depuis bien longtemps.
Pour une fois cette appellation nouvelle qui, certainement, mettra du temps à s'imposer, le système métrique bi-séculaire n'a pas encore totalement éradiqué la livre, de loin s'en faut, n'est pas une stupidité grotesque comme quelques précieux énarques savent, dans leur ésotérique langue de bois, en présenter.
Toussaint, Noël et Pâques, faut-il le préciser, sont des repères festifs d'une religion, voire de deux pour Pâques, fête chrétienne et
Notre pays, que cela nous plaise ou nous irrite, est devenu multiculturel et, tout de même, ce n'est pas tout à fait nouveau. Ce qui est un peu plus récent c'est qu'il paraît de plus en plus inadmissible d'imposer à tous la théorie du dominant.
Renommer les vacances de Toussaint vacances d'automne ne paraît pas extravagant et ce n'est pas manquer de respect aux catholiques et, encore moins, à nos défunts dont le jour échoit le 2 novembre et non le premier. L'automne appartient à tout le monde. Pour Noël, qui correspond à la plus importante fête chrétienne, par ailleurs elle demeure imprécise pour les experts calendaires, il tombe sous le sens que cette période se place parfaitement au début, si ce n'est au cœur, de l'hiver. Les fêtes de Pâques, qui sont mobiles, depuis bien des années, n'assemblent plus la totalité des écoliers. Le fractionnement par zones, s'il est, peut-être, contestable, s'est effectué sans émouvoir. Il faut bien reconnaître que l'ultime trimestre scolaire pouvait, jadis, être soit bien long soit bien court.
Qui oserait dire que l'automne, l'hiver, le printemps ou l'été sont l'apanage de Vivaldi, ou d'une secte, ou d'un courant de pensée ! A contrario qui pourrait affirmer que Toussaint, Noël ou Pâques ne sont pas des repères, aussi respectables qu'ils soient, liés à une religion, fut-t-elle dominante dans notre pays.
Nos gouvernants, qui n'ont pas à être taxés de laïcistes, pour une fois, timidement mais lucidement, ont œuvré dans l'intérêt général et c'est méritoire car bien peu d'entre eux –et c'est un doux euphémisme- sont issus de la plèbe laïque et républicaine.
Dans un monde où l'intolérance religieuse est loin d'avoir dit son dernier mot, où l'apostasie, chez certains, demeure, impensable, où les sacrements traditionnels sont imposés aux enfants immatures, dégager nos vacances de tout contexte théocratique c'est avancer petitement, mais sûrement, vers la liberté de conscience.
Diverses personnes s'indignent de ce changement d'appellation et clament que nos gouvernants tremblent devant les exigences de l'Islam. Les dérives de l'Islam ont, certes, de quoi faire plus qu'inquiéter, notamment au niveau des libertés individuelles -et de la gent féminine en particulier- ainsi qu'au niveau de la liberté de conscience, mais est-ce céder le pas à un terrifiant obscurantisme théocratique de laïciser le calendrier ! En citoyen laïque je ne perçois pas, là, le côté reddition mais je ne saurais y voir que le côté positif et, pour une fois qu'il y en a un, on serait stupide de le nier. En d'autres temps les révolutionnaires, peu psychologues, ont voulu écraser les hagiotoponymes, noms de localités bâtis avec des saints, et cela n'a pas fonctionné pourtant quelques noms de saints nous viennent de la terrible époque de l'Inquisition, dont Saint Bernard. Nos ancêtres, manifestement, n'étaient pas encore prêts à substituer leurs hagiotoponymes à des toponymes laïques ; par exemple Mont-Laurent pour St Laurent-la-Vallée.
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