Val de Nauze

Si la "Vallée" m'était contée !

 

Le petit cours d'eau, très intermittent, qui prend sa source à St Laurent-la-Vallée pour rejoindre la Nauze à La Tute-basse, lieudit de Siorac-en-Périgord a pris depuis plus de cent ans le nom de Vallée ; ce qui, manifestement, ne veut rien dire.

Comme tous les cours d'eau celui-ci dessine une vallée ; mais là ce n'est pas original. L'hypothèse de dire qu'il s'agit d'un ruisseau qui coule dans un val paraît une facilité qui relèverait plus de la "remotivation", c'est-à-dire de la "réécriture", que du raisonnement onomastique.

 

Cliquez sur les images.

 

C'est sous cet abri séculaire, néo-romain, que les Saint-Laurentais ont protégé des souillures animales la source de leur village. Photo Pierre Fabre.

 

Le dictionnaire de Gourgues, ouvrage qui fait référence, précise que la forme actuelle, Vallée, est une francisation. Gourgues rappelle que le Valech est sa forme historique depuis 1462 ; la Guerre de Cent Ans venait de se terminer, neuf ans auparavant, aux portes de Castillon. Gourgues signale, aussi, les variantes possibles de Valoch, Valuech ou de Valueoil.


Avant la grande Révolution on trouve La Vallec sur la carte de Belleyme*, document géographique au 1/43 200ème, un peu plus affiné que les cartes des Cassini. Cette forme féminise le toponyme et par ailleurs lui a ôté son h final.

 

 

La carte adressée, il y a quelques années, par les services du Conseil général aux mairies donne le nom occitan de Valech**, ce qui semble le nom correct qui a traversé les siècles.

 

Notons que nos aînés, qui parlaient plus occitan que français, ne savaient pas donner un nom propre à ce petit cours d'eau, ce qui n'était pas le cas pour la Nauze, la Couze, la Lémance et même pour le bien modeste Raunel. Ils le désignaient sous le terme général de rivière : "lo riu"Pris au sens de vallée, ils disaient "la ribièra".

 


Vous pouvez, si vous le souhaitez, participer au sondage sur ce sujet et, naturellement, placer un commentaire. 

 

Jean Rigouste accorde une pleine confiance à l'expertise, de 2011, de Peter Nollet sur les toponymes du canton de Belvès. Il précise "Les hydronymes sont certainement les noms propres les plus difficiles à expliquer ; du fait de leur antiquité, des nombreuses déformations et altérations que le nom a subies,...".

 

 

 

On a du mal, aujourd'hui, à imaginer dans ce bassin une pommeraie. Rien, cependant, n'exclut cette possibilité mais en prenant un sérieux recul ; car les pommeraies, si elles ont existé, ne sont plus d'actualité et il n'y a pas eu de transmission orale attestant ces vergers.

 


Ci-dessous un extrait du "Dictionnaire  étymologique des noms de rivières et de montagnes en France" de Dauzat, Deslandes et Rostaing, 1978.  Là, on a affaire à un "thème hydronymique"  *VOL- qui pourrait, à la rigueur, convenir ici ; il faudrait voir quel pourrait être le suffixe du mot...

    


 

* Pierre de Belleyme (Beauregard-et-Bassac 1747Paris 1819) est un ingénieur géographedu roi Louis XV. On lui doit une remarquable Carte de Guyenne, publiée à partir de 1785, plus connue sous le nom de Carte de Belleyme.

Il fut chargé, dès 1776, de la gravure de planches cartographiant la Guyenne de l'époque, à savoir les départements actuels de la Dordogne, la Gironde, les Landes et du Lot-et-Garonne. Il dresse sa première carte détaillée en 1783. Il deviendra Chef de la Division topographique aux Archives de France.

 

 

** Valech désignerait, en celte, un talweg humide. 

 

 


12/04/2013
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