Val de Nauze

Si nos massifs forestiers pouvaient parler !

 

BELVÈS

  

Odieux torchon irrévérencieux, insupportable, totalement illisible et grotesque,  franchement déconseillé et à proscrire pour les chantres du libéralisme et pour les thuriféraires inconditionnels feudataires du "système solférinien".

 

Une clairière en Bessède. Photo aérienne Philippe Dufour.

 

Le propre des gouvernances, qu'elles soient d'un libéralisme effréné, franchement conservateur, ou "solfériniennes", c'est de favoriser les nantis et, parfois, le moins souvent possible, quand ceux-ci veulent bien le tolérer, à grand renfort d'effets d'annonce, en tenant la dragée haute, de placer un fusible faisant l'aumône d'une brisure de miette aux plus humbles.

 

Retour sur le remembrement rural. Cette méthodologie de réductions parcellaires remonte, semble-t-il, bien loin dans l'histoire, sous l'occupation romaine. Elle avait pour but de regrouper les biens pour donner une puissance reconnue et affirmée notamment aux barons et aux puissantes abbayes. Ce regroupement apportait une base simple et évidente au cadastre ou aux documents précurseurs de celui-ci.

 

Rouvres vue du ciel 1

 

Autour de Rouvres-en-Plaine, depuis bientôt trois siècles, il n'y a plus que de grandes parcelles. http://www.rouvres-en-plaine.fr/notre-village 

 

Le piétinement du regroupement n'a pas obtenu d'effets spectaculaires, depuis le premier remembrement moderne de Rouvres-en-Plaine en Bourgogne en 1707. Plusieurs textes de loi ont tenté, depuis le début du XIXème siècle, sans emporter de gros succès, et c'est seulement entre 1960 et 1980 que s'obtiennent les résultats les plus significatifs. De nos jours 15 millions d'hectares de notre Hexagone, soit 150 000  Km2, l'équivalent de 16 fois le département de la Dordogne, ont été remembrés.

Si l'openfield est une réussite d'assemblage parcellaire c'est aussi, hélas, une véritable catastrophe écologique. Ces grandes surfaces ont sacrifié bien des haies, des fossés, des chemins et de multiples bosquets sans parler de la rupture paysagère harmonieuse du patrimoine multi-séculaire laissé par nos ancêtres.

 

Passons à "l'aménagement foncier agricole et forestier". Avouez qu'il faut avoir de la culture et maîtriser parfaitement notre belle langue pour trouver un substantif aussi carillonnant. Il a, sans doute, fallu réunir un cabinet d'énarques de très haut niveau pour engendrer une aussi belle terminologie. Force est de constater que depuis un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, notre société se plait à marcher sur la tête sans que pour autant la Terre cesse de tourner. Pourquoi se priver, puisque les contribuables sont riches, de multiples études aussi coûteuses qu'inutiles et de leurs corollaires expertises, contre expertises, réunions, débats et conférences aussi inféconds que répétés !

Puisque le remembrement rural a provoqué des saccages environnementaux considérables pourquoi ne pas s'offrir un plagiat sylvestre avec la possibilité tacite d'éradiquer les derniers feuillus héritages de la forêt primaire !

 

Le génie de la manœuvre. Quand on veut réussir une manœuvre délicate il faut s'assurer qu'il y a dans le champ à réduire une faille pour pouvoir ouvrir … un fossé abyssal. Le massif forestier relativement important dans notre pays est très morcelé. Dans notre département, où il reste encore quelques feuillus en résistance, 99 % de l'espace sont privatifs. Certains propriétaires ignorent même où se situent leur patrimoine et, pour certains, ignorent qu'il existe… et le découvre lors d'une succession chez le notaire. Il existe dans ces propriétés privées de multiples fonds de moins de 4 hectares. C'est tout de même aberrant, presque insupportable, qu'il puisse y avoir dans notre pays de tous petits propriétaires qui ont l'insolence de vouloir conserver le legs de leurs aînés ou acquis grâce à leur travail.

 

Rappelons tout de même la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui déclare : " La propriété est un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé", donc dans ce pays où cette notion de propriété reste inviolable, sauf nécessité impérieuse d'expropriation pour la seule raison d'intérêt général, on peut difficilement faire admettre que seuls les nantis ont le droit de jouir de leurs espaces alors "on" a trouvé un argumentaire imparable ; les parcelles enclavées. On pourrait, dans la mesure où l'aménagement foncier agricole et forestier aurait été validé, modifier les lignes cadastrales en donnant, aux tous petits propriétaires en échange de leur patrimoine, des surfaces imposées, proches d'un chemin rural, d'une valeur vénale équivalente à celle soustraite. Ces humbles propriétaires n'auraient donc rien à dire, si ce n'est merci de les avoir désenclavés. Bien entendu ces micro-propriétaires seraient autorisés, cela va  de soi, à vendre aux riverains plus consistants dont les parcelles correspondraient à l'esprit de l'aménagement foncier agricole et forestier.

 

 

 

Il reste encore quelques feuillus en Bessède. Ils font de la résistance. 

La finalité. L'humanisme et le respect de la nature, dans une société favorisant en priorité l'élite et le profit, ne sont devenus que des valeurs ringardes qu'il convient de fustiger et de flétrir. Si l'aménagement foncier agricole et forestier réussit la forêt perdra sa faculté pédagogique et salutaire de lieu de promenade et de loisir en empruntant ses chemins ruraux de plus en plus menacés. Seules quelques vieilles badernes pourront s'en émouvoir ! Les derniers feuillus choiront sous les tronçonneuses pour donner place aux résineux puisque l'idée reçue aussi absurde que fausse et tenace veut que seuls les résineux, qui massacrent l'environnement, enrésinent les sols, favorisent l'intermittence  des sources et des rivières, soient propices à un rendement financier. Quels ingénus peuvent avoir l'énorme stupidité de prétendre qu'il y a, notamment grâce aux robiniers, arbre à croissance rapide, des essences capables de bien meilleurs rapports financiers et de sauvegarde de notre environnement !  

 

 

Le robinier, arbre à feuilles caduques, ramené du Canada par Robin, jardinier de Versailles, est appelé, à tort acacia. Cet arbre présente l'avantage d'être d'une esthétique grandiose,  d'obtenir d'excellents rendements financiers et, par ailleurs, de favoriser la multiplication des abeilles, auxiliaires indispensables à la vie végétale, bien menacées de nos jours... mais qui s'en soucie !

 

Pierre Fabre

 



01/06/2013
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